L'Église catholique du Venezuela a mis son poids dans la balance en accusant vendredi le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro d'être une "dictature" qui sera encore renforcée avec l'élection le 30 juillet d'une Assemblée constituante.
"Un gouvernement devenu une dictature". "Il ne s'agit plus d'un conflit idéologique entre la droite et la gauche", mais d'"une lutte entre un gouvernement devenu une dictature et tout un peuple qui réclame la liberté", a déclaré devant la presse monseigneur Diego Padron, président de la Conférence épiscopale vénézuélienne (CEV). Le pays sud-américain est déchiré par sa pire crise politique et économique depuis des décennies et depuis trois mois les opposants au président Maduro manifestent presque chaque jour pour exiger son départ. Les violences autour de ces rassemblements ont fait 91 morts jusqu'à présent.
L'Église, un parti d'opposition. "Cette assemblée prévue pour fin juillet sera imposée par la force et le résultat sera l'inscription dans la Constitution d'une dictature militaire, socialiste, marxiste et communiste", a mis en garde vendredi monseigneur Padron, qui s'exprimait à l'ouverture de l'assemblée annuelle des évêques vénézuéliens. Le président de la Conférence épiscopale a autorisé que tous les locaux appartenant à l'Église, à l'exception des lieux de culte, soient utilisés par l'opposition au moment du référendum qu'elle souhaite organiser, le 16 juillet, sur ce projet de Constituante.
Les évêques vénézuéliens, qui ont rencontré le pape François le mois dernier, ont déjà critiqué par le passé le président Maduro, mais jamais avec une telle fermeté. Les hauts fonctionnaires chavistes qualifient régulièrement l'Eglise de "parti politique" d'opposition. Selon une étude de Latinobarometro, 79% des Vénézuéliens se déclaraient catholiques en 2013.
Un "complot" pour Maduro. De son côté le président Maduro a dénoncé vendredi le "complot" en préparation contre l'élection de la Constituante, lors d'une cérémonie militaire qui réunissait les chefs de l'armée, de la Cour constitutionnelle (TSJ) et d'autres institutions liées au pouvoir.
Nicolas Maduro a exigé jeudi des fonctionnaires, soit 2,8 millions de personnes, qu'ils aillent voter d'ici trois semaines pour la Constituante, "sans excuse", "entreprise par entreprise, ministère par ministère, gouvernorat par gouvernorat, mairie par mairie". Selon le consultant juridique Oswaldo Ramirez, la Constituante sera un "super-pouvoir" qui va s'atteler à un "processus de démantèlement des institutions qui s'opposent au gouvernement".
Une grave crise économique, politique et sociale.La crise économique - pénuries alimentaires et de médicaments notamment - est à l'origine d'un rejet massif du pouvoir de la part de la population: selon une enquête de Datanalis, 80% des Vénézuéliens sont hostiles à l'administration de Maduro et 70% d'entre eux rejettent la constituante.