Le président du Parlement vénézuélien Juan Guaido, également chef de file de l'opposition, a été révoqué jeudi de son poste et déclaré inéligible durant 15 ans pour corruption présumée, ont annoncé les autorités vénézuéliennes.
Les autorités invoquent des dépenses non justifiées. Le Contrôleur général de la République Elvis Amoroso, chargé de veiller à la transparence de l'administration au Venezuela, a décidé "d'interdire l'exercice de toute fonction élective au citoyen (Juan Guaido) pour la durée maximum prévue par la loi", a-t-il déclaré à la télévision d'Etat. Cette durée est de 15 ans, a rappelé le responsable de cet organisme jugé proche du pouvoir en place.
Selon Elvis Amoroso, Juan Guaido ne justifie pas, dans ses déclarations de patrimoine, certaines dépenses réalisées au Venezuela et à l'étranger avec des fonds provenant d'autres pays. "Il a réalisé plus de 91 voyages hors du territoire pour un coût supérieur aux 310 millions de bolivars (quelque 94.000 dollars au taux actuel), sans justifier l'origine de ces fonds", a expliqué le Contrôleur.
Cet organisme avait annoncé le 11 février l'ouverture d'une enquête visant l'opposant. Il a demandé au parquet d'"exerces les actions correspondantes", sans plus de précision.
Guaido conteste la légitimité d'Elvis Amoroso. Dans la foulée, Juan Guaido a rejeté cette sanction, avançant qu'Elvis Amoroso était illégitime. "Il n'est pas contrôleur. Il ne l'est pas (...) et il n'existe pas de sanction d'inéligibilité (...) Le Parlement légitime est le seul ayant le pouvoir de désigner un contrôleur", a déclaré Juan Guaido, rappelant qu'Elvis Amoroso avait été nommé à ce poste par l'Assemblée constituante, acquise au pouvoir et qui remplace dans les faits le Parlement.
Les pays latino-américains et européens du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela, réunis jeudi à Quito, ont condamné cette sanction. Le GCI "condamne la récente décision du Contrôleur général du Venezuela de déclarer inéligible Juan Guaido" et appelle à trouver une "solution pacifique et démocratique à la crise au Venezuela", selon la déclaration lue à l'issue de la réunion.