L'opposition au gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro a invité jeudi cinq ancien chefs d'Etat latino-américains à venir comme observateurs pour le référendum symbolique contre la Constituante qu'elle va organiser dimanche.
L'opposition souhaite démontrer le refus du peuple. "Une mission de cinq anciens présidents arrivera samedi en tant qu'observateurs internationaux", a déclaré jeudi l'élue de l'opposition Maria Corina Machado, en citant les noms du Mexicain Vicente Fox, des Costariciens Laura Chinchilla et Miguel Angel Rodriguez, du Colombien Andres Pastrana et du Bolivien Jorge Quiroga. Avec ce référendum organisé dans 1.600 bureaux de vote à travers le pays, et même si celui-ci n'aura aucune valeur légale, l'opposition espère démontrer le refus du peuple vénézuélien face à l'élection d'une assemblée constituante convoquée pour le 30 juillet par le pouvoir en place.
Selon l'institut Datanalisis, 70% des Vénézuéliens sont opposés à l'instauration de cette Constituante censée mettre en place une nouvelle constitution mais dénoncée par l'opposition comme un moyen d'étouffer l'Assemblée nationale, la seule institution qu'elle domine, depuis 2016. Ces cinq anciens chefs d'Etat rejoignent l'Initiative démocratique d'Espagne et des Amériques (Idea), un forum international très critique envers le gouvernement Maduro, certains de ses membres ayant même parlé de "dictature".
"Désobéissance civile". "Dimanche, nous allons organiser le plus grand acte de désobéissance civile du monde, (...) et il sera le détonateur de l'heure zéro qui débutera au Venezuela lundi", a insisté Maria Corina Machado, en faisant allusion à l'escalade annoncée par l'opposition dans le cadre de l'offensive qu'elle veut finale contre le pouvoir.
Censure. Le référendum de dimanche aura lieu dans un pays en pleine crise politique, sociale et économique, avec des manifestations quasi-quotidiennes depuis le 1er avril au cours desquelles 95 personnes sont décédées. Mercredi, la Commission nationale des télécommunications (Conatel), relais du pouvoir, a appelé les représentants des chaînes de télévision et de radio à "faire attention à leur couverture" de ce référendum, en soulignant que ces chaînes pourraient être "sanctionnées". Une consigne aussitôt dénoncée jeudi par le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP) comme "une censure", "une décision arbitraire et anticonstitutionnelle".
Jeudi, le vice-président vénézuélien Tareck El Aissami a averti que toute personne qui "boycotterait" l'élection de l'assemblée constituante le 30 juillet serait jugée par les tribunaux militaires et pourrait le payer d'une peine allant jusqu'à dix ans de prison.