L'opposition vénézuélienne a officialisé dimanche dans une lettre au pape François son refus de reprendre un dialogue avec le président Nicolas Maduro "s'il n'y a pas de garanties" sur les modalités de ce dialogue. Et ce malgré le soutien apporté par huit pays d'Amérique latine à cette proposition du pape.
Refus de médiation par le Vatican. Le pape avait déclaré samedi qu'il était d'accord pour que le Vatican reprenne le rôle de médiation entre opposition et pouvoir qu'il avait joué en 2016. Mais il avait ajouté que cela ne pourrait se faire qu'à "des conditions très claires", dont il n'avait pas spécifié la nature. Dans sa lettre, la Table de l'Unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition vénézuélienne, remercie le chef de l'Église catholique de sa "préoccupation constante" pour le peuple vénézuélien.
Mais en s'appuyant sur des déclarations antérieures du pape, la MUD explique qu'elle ne souhaite pas reprendre le dialogue dans les conditions actuelles. "Vous avez déclaré à de nombreuses occasions que s'il n'y a pas de garanties et de 'conditions très claires' de la part du régime, il n'y a pas de possibilité ni d'un dialogue, ni d'une résolution de cette très grave crise", écrit la MUD.
Une formule déjà essayée. Un dialogue politique entre pouvoir et opposition avait été lancé en octobre 2016 sous l'égide du Vatican et de l'Union des nations sud-américaines (Unasur). Mais la MUD avait gelé ces négociations en décembre en accusant le pouvoir chaviste (du nom du président défunt Hugo Chavez, 1999-2013) de ne pas appliquer des accords conclus sur un calendrier électoral et sur la libération d'opposants emprisonnés.
Le chef de l'État s'est pour sa part félicité dimanche de la proposition de médiation du pape et a accusé les dirigeants de l'opposition de refuser toute discussion. "Si je dis 'dialogue', ils s'enfuient épouvantés, ils ne veulent pas de dialogue", a déclaré Nicolas Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire.
Soutien et condition de la part d'autres pays. Huit pays d'Amérique latine, dont le Brésil et l'Argentine, ont également apporté dimanche leur soutien à la proposition du pape François dans une déclaration commune. "Nous adhérons aux déclarations de Sa Sainteté le pape François, faites au cours des dernières heures, concernant la situation que vit le Venezuela", déclarent les signataires du texte, Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Pérou, Paraguay et Uruguay. Un texte dans lequel les signataires énumèrent, eux, une série de conditions.
"Nous répétons qu'il faut l'arrêt des actes de violence, le plein respect de l'état de droit, la libération des prisonniers politiques, le plein rétablissement des prérogatives de l'Assemblée nationale et l'établissement d'un calendrier électoral", déclarent-ils.