François Hollande doit-il recevoir Vladimir Poutine, dont une visite d’État est prévue sur le territoire national le 19 octobre ? La question se pose, alors que la Russie a posé son veto à une résolution française à l’ONU pour mettre fin aux bombardements sur Alep en Syrie. La venue du président russe en France doit s’inscrire dans le cadre de l’inauguration d’une église et d’un centre orthodoxe, quai Branly à Paris. Néanmoins, dans une interview diffusée sur TMC, François Hollande a confié se "poser encore la question" d’accueillir ou non son homologue russe.
La Russie, un partenaire incontournable ? Pour Alexandre Melnik, professeur de géopolitique à l’ICN Business School de Nancy, Vladimir Poutine doit pouvoir se rendre en France, mais ne doit pas être reçu à l'Elysée. "Je ne pense pas que l’on puisse annuler une visite préparée depuis longtemps au dernier moment, et d’autant plus que la Russie reste un acteur incontournable sur le plan géopolitique", soutient ce spécialiste, invité lundi d'Europe Nuit. "En même temps, on ne peut pas rester sourd et muet face aux atrocités à Alep, dont la Russie est responsable."
Réduire l'importance de Poutine. En conséquence, Alexandre Melnik estime que la France "doit faire un geste fort, un geste symbolique et extrêmement lourd de conséquences pour montrer qu’elle n’a pas peur de Poutine." Plus précisément, il propose de priver le dirigeant russe d'une réception officielle, et ainsi d'évacuer la dimension politique de sa visite.
"Ne pas dérouler le tapis rouge". "Il faudrait réduire cette visite à sa dimension purement et simplement culturelle, soutient Alexandre Melnik, c’est-à-dire l’inauguration du centre culturel et spirituel russe du quai Branly, ce qui était prévu dès le début. Il veut ouvrir ce centre culturel ? Qu’il vienne ouvrir ce centre culturel ! Mais, il ne faut pas dérouler le tapis rouge de l’Élysée parce que ce serait en contradiction avec les valeurs de nos principes", tranche-t-il. "Il ne faut pas montrer que les autorités françaises s’impliquent dans cette visite."
Une visite pour "dire des vérités". "Oui à la culture russe, qui dépasse les clivages politiques et les époques, mais non aux crimes commis à Alep avec l’implication de la Russie, non aux violations de la loi internationale !", clame ce spécialiste. Cette visite polémique divise largement la classe politique. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a prévenu lundi que si Vladimir Poutine était reçu à l'Élysée, ce ne serait pas pour des "mondanités", mais pour parler de la Syrie et de la situation ukrainienne. "Ça sera pour dire des vérités", a-t-il insisté.