"C'est la confirmation d'une évidence." Jeudi, les enquêteurs internationaux ont indiqué que le missile qui a abattu le vol MH17 au-dessus de l'Ukraine en 2014 provenait d'une unité militaire russe. L'ensemble des 298 personnes présentes à son bord, en majorité des Néerlandais, avaient péri. Pour Raphaël Glucksmann, directeur du Nouveau Magazine littéraire, le moment est important. "Cela veut dire qu'un État avec lequel nous sommes en relation, en discussion, a détruit un avion civil et a tout fait ensuite pour masquer ce crime", dénonce l'essayiste sur Europe 1 vendredi matin.
Pour "une prise de conscience" européenne. Pour que ce crime de guerre soit reconnu, "tout dépend de nous, de la prise de conscience des Européens, du degré de crime que l'on accepte de la part de Vladimir Poutine", le président russe, martèle Raphaël Glucksmann. "Jusqu'ici, l'ensemble de ses méfaits ont été profondément impunis. On a laissé passer la Tchétchénie, l'invasion de la Géorgie, le meurtre des opposants, des journalistes, des anciens espions sur le territoire de Syrie et l'invasion de l'Ukraine. À un moment, j'espère qu'on va prendre conscience que ce régime n'est pas un partenaire fiable et qu'il faut donc entamer un rapport de force avec lui", plaide Raphaël Glucksmann. Ce rapport de force se concrétiserait non pas par une guerre au sens premier du terme mais par d'autres moyens, visant à "faire comprendre à ce régime que tout n'est pas possible". "C'est la responsabilité des responsables européens, car Vladimir Poutine ira aussi loin qu'on le laissera aller", avance l'essayiste.
Le silence de Macron "extrêmement problématique". Pour Raphaël Glucksmann, Emmanuel Macron, actuellement en visite officielle en Russie, n'aurait pas dû rester silencieux face à Vladimir Poutine après l'annonce des enquêteurs internationaux, jeudi. "J'aurais été hollandais, j'aurais mal pris la chose. On est censés avoir une union, l'Union européenne, on est censés avancer avec toujours plus de solidarité entre nous. Ne pas parler du sort de ces civils en tant que président de la France, je trouve ça extrêmement problématique", signale-t-il. Maintenir un dialogue cordial en ces conditions revient à perpétrer une "illusion", estime-t-il. "Celle que Vladimir Poutine va être notre partenaire".