Calisson ou "Kalisong" ? Un investisseur chinois a fait enregistrer dans son pays le nom des "Calissons d'Aix", jetant le trouble parmi les fabricants de cette sucrerie à base d'amande, un des emblèmes culinaires de la Provence.
La marque enregistrée jusqu'en 2026. Que veut Ye Chunlin ? Cet homme d'affaires de la province du Zhejiang a fait une demande auprès du registre chinois des marques déposées pour enregistrer les marques "Calissons d'Aix" et "Kalisong", transposition phonétique en mandarin du nom de la friandise de forme oblongue. Publié quelques mois après son dépôt le 23 juin 2015, officiellement acté fin août 2016 avec une validité courant jusqu'en 2026, cet enregistrement suscite l'émoi des producteurs de la spécialité : protégés en France, ils pourraient se voir barrer l'entrée du vaste marché chinois, où les friandises françaises, notamment les macarons, sont très prisées.
"Pas irrégulier", selon l'investisseur. Ye Chunlin proteste de sa bonne foi. "Chaque pays possède ses lois propres (...) Personnellement, je suis un commerçant qui fait des affaires dans les règles", s'est défendu l'investisseur lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP. "Nous ne recourons pas à cette marque déposée pour commettre des irrégularités, nous n'en avons pas l'intention", s'est-il agacé, sans livrer de détails.
Un risque de "calissons" "made in China" ? "À ce jour, il n'y a eu aucune information sur le fait qu'un seul calisson ait été produit en Chine !", se rassure Laure Pierrisnard, à la tête de l'Union des fabricants de calissons d'Aix. L'organisation, qui a déposé la marque en France, a fait opposition au dépôt de la marque en Chine. Une procédure longue, à l'issue incertaine. En tout état de cause, les droits des calissonniers français ne sont aucunement menacés dans l'Hexagone, souligne Laure Pierrisnard, qui est également la patronne du premier producteur français, la confiserie du Roy René.
"IPHONE", New Balance, pas une première. "L'affaire évoque plutôt un classique cas d'usurpation. De nombreux groupes occidentaux ont déjà connu en Chine de semblables mésaventures, découvrant au moment d'y commercialiser leurs produits que leur marque y avait déjà été enregistrée par une firme locale. Un maroquinier chinois avait ainsi déposé en 2007 la marque "IPHONE" pour la catégorie des produits en cuir, au grand dam du géant électronique Apple, qui a perdu cette année un procès contre lui. De même, la justice avait donné gain de cause en 2015 à un groupe chinois utilisant le nom du fabricant de chaussures New Balance. "La Chine est un pays où le premier qui dépose une marque se voit octroyer une protection", explique-t-on à la Chambre de commerce de l'Union européenne à Pékin. Le propriétaire d'une marque est cependant obligé de l'utiliser commercialement dans les trois ans, sous peine de la voir annulée.