Une présence qui dérange. La France a officiellement reconnu jeudi soir que des mercenaires russes de l'agence Wagner étaient bien déployés au Mali, après les révélations d'Europe 1. Les services de renseignement français ont fourni plusieurs documents qui prouvent l'activisme des Russes pour déstabiliser la France dans ce pays du Sahel. Un déploiement possible sur toute la zone qui inquiète les alliés de la France présents dans cette zone de l'Afrique, et qui s'accélère considérablement.
Des dizaines voire des centaines d'arrivées de mercenaires
Au sein même de l'aéroport de la capitale du Mali, Bamako, un campement a été installé ces derniers jours en urgence, selon une source gouvernementale. Il s'agit d'un campement militaire placé sous la responsabilité de cadres du groupe Wagner. De la nourriture vient tout juste d'y être livrée en grande quantité, ce qui préfigure, selon plusieurs sources bien informées, l'arrivée de dizaines voire de centaines d'hommes de la Wagner.
Tout cela est facilité par la logistique militaire russe puisque dans les airs, les mouvements ont également été repérés. Selon les informations d'Europe 1, les rotations d'avions militaires entre la Russie, la Libye et Bamako se sont accélérées.
Les services de renseignement français ont aussi établi que des géologues russes liés à l'entreprise privée Wagner arpentent le désert pour cartographier les mines d'or du pays. Il s'agit là de la technique habituelle du groupe. Quand ils s'installent dans un pays, c'est service de sécurité contre exploitation de ressources pour servir les intérêts économiques de Moscou.
La question du retrait des troupes françaises au Mali
La ligne rouge est franchie pour la France, mais sur le fond, cela ne devrait pas changer beaucoup de choses. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères dit que la France constate le déploiement de Wagner au Mali. Paris le condamne fermement, mais n'apporte aucune solution concrète ou précise si ce n'est que tout l'effort diplomatique doit aller dans un seul sens : forcer la junte au pouvoir à respecter ses engagements. Cela veut dire d'organiser des élections en février prochain pour redonner le pouvoir aux civils.
En attendant, cela pose une question essentielle : que doivent faire les forces de l'opération Barkhane lorsqu'elles se retrouveront nez à nez avec les mercenaires russes qui traquent les djihadistes dans le désert ? C'est aussi pourquoi, toujours selon les informations d'Europe 1, le président Emmanuel Macron dit en privé être prêt à accélérer le processus de retrait des troupes.
Cela pose le risque de laisser un boulevard aux Russes et de donner un satisfecit au colonel putchiste Assimi Goita. Celui-ci attend qu'une chose, que la France annonce un départ du Mali pour endosser le statut de victime et asseoir sa légitimité en agitant les discours anti-français.