Joe Biden a annoncé vendredi la plus importante salve de sanctions américaines depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a deux ans, et en réponse à la mort de l'opposant Alexeï Navalny, ciblant plus de 500 personnes et organisations de différents pays. Trois responsables russes font partie des personnes ciblées par les États-Unis, pour leur implication dans ce décès, a annoncé le département d'État.
Des sanctions ciblant "des individus liés à l'emprisonnement de Navalny"
"Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu'il répand, il continuera", a averti le président américain Joe Biden vendredi, dans un communiqué. Il a fait état de sanctions ciblant "des individus liés à l'emprisonnement de Navalny", mais aussi le "secteur financier russe, l'industrie de défense, les réseaux d'approvisionnement et les auteurs de contournement des sanctions, à travers plusieurs continents."
Le Trésor et le département d'État ont ciblé plus de 500 individus et organisations dans respectivement 11 et 26 pays (dont la Chine et l'Allemagne), bloquant leurs avoirs aux États-Unis et restreignant leur accès aux visas. Par ailleurs, le département du Commerce a ajouté 93 entreprises à sa liste noire. Cela porte à plus de 4.000 le nombre d'entités visées par les sanctions américaines depuis le début de la guerre.
L'objectif de ces sanctions : limiter les ressources financières dont dispose le gouvernement russe pour financer la guerre contre l'Ukraine, lancée il y a tout juste deux ans, le 24 février 2022. "Nous prenons des mesures pour continuer à réduire les revenus du secteur de l'énergie russe, et j'ai demandé à mes équipes de renforcer le soutien à la société civile, aux médias indépendants et à tous ceux qui se battent pour la démocratie autour du monde", a encore écrit Joe Biden.
Le système de paiement russe Mir dans le viseur américain
Parmi la longue liste, des entreprises technologiques des secteurs des semi-conducteurs, de l'optique, des drones, ou encore des systèmes d'information, et même un institut de mathématiques appliquées. Mais aussi le système russe de paiement Mir, dont le développement "a permis à la Russie de construire une infrastructure financière qui lui permet d'échapper aux sanctions et de reconstituer les liens rompus avec le système financier international", selon le département américain du Trésor.
Développées en 2015 face aux sanctions des Occidentaux après l'annexion de la Crimée en 2014, les cartes Mir - terme qui signifie "monde" et "paix" en russe - permettent aux Russes d'effectuer des règlements et de retirer de l'argent dans certains pays étrangers. Washington dit cibler "les personnes situées en dehors de la Russie qui facilitent, orchestrent, participent ou soutiennent de toute autre manière le transfert de technologies et d'équipements critiques vers la base militaro-industrielle russe", a souligné le département du Trésor dans un communiqué.
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Et avertit que des sanctions continueront d'être imposées "aux personnes, où qu'elles se trouvent, qui permettent à la Russie de se reconnecter aux marchés financiers mondiaux en utilisant des canaux illicites". Car, malgré la multitude de sanctions occidentales, la Russie a enregistré une croissance de 3,6% de son PIB en 2023, grâce aux commandes de munitions et d'armements. Pour la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, Vladimir Poutine "a hypothéqué le présent et l'avenir du peuple russe", et "le Kremlin choisit de réorienter son économie pour fabriquer des armes pour tuer ses voisins au plus vite, aux dépens de l'avenir économique de sa propre population".
Les pays de l'UE se sont mis d'accord sur un nouveau paquet de sanctions
Les sanctions et annonces se sont multipliées au sein des pays occidentaux à l'approche du deuxième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine. Les pays de l'UE se sont ainsi mis d'accord sur un 13e paquet de sanctions, tandis que le Royaume-Uni a pris des mesures contre plus de 50 personnalités et entreprises, et annoncé de nouvelles livraisons de missiles aux Ukrainiens. Le président français Emmanuel Macron, lui, organise lundi à Paris une réunion de soutien à l'Ukraine avec plusieurs chefs d'État et de gouvernement ou leurs représentants ministériels.
Et, si l'administration Biden assure régulièrement l'Ukraine de son soutien, une aide militaire américaine de 60 milliards de dollars est néanmoins bloquée au Congrès, en raison de l'opposition de Donald Trump, dont nombre de lieutenants siègent à la Chambre des représentants. Joe Biden a appelé les parlementaires à approuver ce financement au plus vite, "avant qu'il ne soit trop tard", martelant que "c'est le moment de prouver que les États-Unis s'engagent pour la liberté et ne se soumettent à personne".