Wikileaks refait parler de lui depuis mardi. Le lanceur d'alerte Julian Assange, réfugié depuis trois ans à l'ambassade d'Equateur à Londres, a en effet révélé des écoutes de trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, par la NSA entre 2006 et 2012. Et ce n'est qu'un début selon Julian Assange qui, invité mercredi sur TF1, a promis que "les documents les plus importants restent à venir". Europe 1 a pu contacter jeudi Juan Branco, le conseiller juridique de Wikileaks, qui est notamment revenu sur les propos du fondateur.
Un lien entre chômage et espionnage ? Selon Julian Assange, "le chômage est particulièrement élevé en France mais il y a une raison à cela. C'est que les États-Unis jouent un sale jeu" en empêchant "les entreprises françaises de rayonner à l'étranger". Juan Branco embraye en apportant des précisions : "il est évident que, d'après les documents que Wikileaks a obtenu, les États-Unis mènent une guerre économique contre plusieurs pays européens et notamment la France". Selon lui, "Julian Assange a lié justement le chômage au fait qu'un certain nombre de grands marchés d'entreprises françaises ont été perdus du fait de cet espionnage".
Le conseiller estime que "les citoyens ont le droit de savoir". Et ceux qui ne se sentent pas concernés par ces histoires d'espionnage ont tort car "ces actions ont des conséquences directes en terme d'emploi et sur la vie quotidienne sur des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes en France. Il faut qu'ils en aient conscience", avance Juan Branco.
La Russie et la Chine décomplexées ? Pour le conseiller juridique, cet espionnage, s'il n'est pas sanctionné, pourrait avoir des conséquences néfastes sur les relations internationales. "Si la France n'est pas à la hauteur de la réaction qu'on attend d'elle, le signal qui sera envoyé à d'autres puissances comme la Russie ou la Chine, sera très fort", explique Juan Branco. Face à "une impunité complète dans ces pratiques", les grands pays n'auront "aucun scrupule à développer leurs instruments d'espionnage à l'encontre des dirigeants français". La conséquence ? "Cela affaiblira encore plus la France", tranche-t-il.
Julian Assange en a d'ailleurs appelé à une réaction de la France, déplorant que l'Allemagne, suite à des révélations d'espionnage identiques en octobre 2013, n'avait pas lancé d'enquête parlementaire, ni entamer des poursuites.