La déforestation continue de faire des ravages. Entre 2004 et 2017, plus de 43 millions d’hectares de forêt ont été perdus dans le monde, selon un rapport du WWF publié mercredi. Véronique Andrieux, directrice de l'organisation de défense de l'environnement, a dressé un sombre tableau mercredi matin sur Europe 1. "La déforestation se poursuit à des rythmes alarmants depuis 14 ans. Nous avons perdu 43 millions d'hectares, c'est-à-dire l'équivalent des deux tiers de la surface de la France", illustre-t-elle.
"Les points chauds sont essentiellement sur les régions tropicales, l'Amazonie et le Cerrado en Amérique latine, mais aussi le bassin du Congo, Bornéo, Sumatra et encore le Mékong."
L’agriculture commerciale, l’une des principales causes
L’agriculture commerciale, qui défriche pour les cultures et l’élevage du bétail, notamment en Amérique du sud, est particulièrement pointée du doigt par le WWF. "On coupe des arbres au Brésil pour produire des tourteaux de soja qui, après, sont importés pour nourrir le bétail", cite comme exemple Véronique Andrieux. Le secteur minier, mais aussi les infrastructures, notamment routières, l'industrie forestière et l'agriculture vivrière, surtout en Afrique, sont aussi d'importants facteurs identifiés.
La directrice du WWF appelle ainsi à une véritable prise de conscience et à un changement de nos pratiques, notamment alimentaires, pour endiguer la déforestation. "Les solutions existent et c'est aussi le grand message de ce rapport. Il y a vraiment un besoin d'une volonté politique et de moyens pour les mettre en œuvre. Ce qu'on demande, c'est justement d'agir sur ces causes qui sont à la racine de cette déforestation, comme notre système alimentaire", demande-t-elle.
"Il faut complètement repenser ce qu’on met dans nos assiettes"
Véronique Andrieux préconise notamment l’adoption d’une législation contraignante pour empêcher l’importation de soja provenant de la déforestation. "On a lancé une campagne pour demander à l'Union européenne une directive et une législation contraignante pour empêcher la mise sur le marché de produits qui créent de la déforestation ou de la conversion d'écosystèmes comme les prairies, les savanes ou les zones humides. Il faut d'une part réduire de moitié la consommation de viande et de protéines animales, et complètement repenser ce qu'on met dans nos assiettes", insiste-t-elle.
"Même chose côté agrocarburants, comme l'huile de palme et l'huile de soja. Il faut réduire leur utilisation dans la production d'agrocarburants et agir aussi au niveau des entreprises. Les entreprises ont une responsabilité sur leur devoir de vigilance et sur l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement pour s'assurer que les produits et les matières premières qu'elles achètent ne proviennent pas de la déforestation", ajoute la directrice du WWF.
Un impact sur les pandémies
Selon ce rapport, la déforestation favorise également le développement de maladies d’origine animale, qui pourraient potentiellement déclencher de nouvelles pandémies dans le futur. "La pandémie de Covid-19 nous rappelle qu'il faut vraiment faire un 'reset' dans notre rapport à la nature et au vivant. Il faut agir sur la protection des milieux naturels pour prévenir de futures pandémies ", implore Véronique Andrieux.
"Les forêts sont des zones très préservées et qui sont des réservoirs de possibles pathogènes. Il n'y a pas d'hommes en bonne santé sur une planète malade. Il est essentiel d'agir et de comprendre que c'est parce qu'on a rapproché la faune sauvage du bétail et des humains que les maladies transmises de l'animal à l'homme se produisent et génèrent dans certains cas des pandémies comme celle qu'on traverse", analyse la directrice du WFF. "Le Covid n'est pas la première pandémie et ne sera pas la dernière si on n’arrête pas la destruction de ces milieux naturels."