Un navigateur français est bloqué dans le port d'Hodeida, cible d'une offensive militaire dans l'ouest du Yémen, où il a dû faire escale en raison d'un manque d'eau, ont annoncé le Quai d'Orsay et sa famille.
Alain Goma a rejoint Hodeida à bord de son voilier Jehol 2 "le 3 juin pour se réapprovisionner, notamment en eau", a-t-on indiqué au ministère français des Affaires étrangères. "Compte tenu de la situation actuelle dans cette zone, il est depuis lors dans l'impossibilité de quitter ce port", relève le Quai d'Orsay, qui agit "dans l'objectif de lui permettre de quitter le Yémen". Le 13 juin, les forces progouvernementales, appuyées par une coalition arabe emmenée par l'Arabie saoudite, ont lancé l'assaut contre cette ville portuaire de 600.000 habitants contrôlée par les rebelles Houthis et principal point d'entrée de l'aide humanitaire au Yémen, en conflit depuis 2015.
Le dernier SMS du navigateur remonte au 3 juin. Christine Goma, animatrice de la page Facebook portant le nom du bateau (Jehol 2) et se présentant comme sa sœur, a confirmé que le dernier contact du navigateur, un ancien agent commercial de 54 ans originaire de Béziers, avec sa famille remontait au 3 juin. "Alain nous a envoyé un texto le 3 juin, il était alors au Yémen, au port de Hodeida, il a confirmé qu'il venait de recevoir beaucoup d'eau et avoir appris qu'il était dans une zone en guerre", a-t-elle raconté.
Le navigateur, qui communique régulièrement avec sa famille depuis son départ de Valras, dans le sud de la France, en août 2017, n'a depuis donné aucune nouvelle et est injoignable sur son portable. Après une traversée du Canal de Suez, il devait rejoindre Djibouti avant de poursuivre vers l'Inde. "Il n'y avait pas assez de vent et sa capacité d'eau n'était pas suffisante pour les trois derniers jours jusqu'à Djibouti", a expliqué sa sœur.
Les médias locaux évoquent une possible arrestation par les Houthis. "Notre père a contacté le CROSS (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) Gris-Nez", correspondant français auprès des centres de recherche et de sauvetage étrangers, a-t-elle ajouté. "Le 11 juin, le ministère des Affaires étrangères, qui avait été alerté par le CROSS, nous a informés qu'Alain était détenu par les douanes yéménites", a précisé Christine Goma. "On ne sait pas si cela reste une affaire à caractère administratif ou s'il y a plus d'enjeux derrière", a-t-elle noté, en référence à un possible arrestation par les Houthis évoquée par certains médias locaux.
Le conflit au Yémen oppose depuis mars 2015 les forces progouvernementales aux rebelles Houthis, soutenus par l'Iran. Il a fait près de 10.000 morts et provoqué, selon l'ONU, "la pire crise humanitaire du monde", avec des millions de personnes au bord de la famine.