Contraint de rendre le pouvoir qu'il occupait depuis 37 ans après un coup de force de l'armée, l'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe aurait "bien pris les choses". C'est du moins ce qu'a assuré son neveu, Leo Mugabe, dimanche à l'AFP. "Il va bien. Je suis allé le voir, il est plutôt jovial", a estimé ce dernier. "En réalité il est dans l'attente de sa nouvelle vie, faire de l'agriculture et rester dans sa maison à la campagne."
Les larmes aux yeux. La presse zimbabwéenne, elle, donne une version légèrement moins "joviale" de l'histoire. Selon The Standard, Robert Mugabe avait les larmes aux yeux lorsqu'il a accepté, sous la pression, de démissionner. Devant ses plus proches collaborateurs, il aurait dénoncé "la trahison de ses lieutenants". "Les gens sont des caméléons", aurait-il déclaré, d'après son entourage cité par le journal.
Démission forcée. Plus vieux dirigeant en exercice de la planète, Robert Mugabe, 93 ans, qui a dirigé d'une main de fer son pays pendant 37 ans, a démissionné mardi après un coup de force de l'armée. Les militaires avaient pris le contrôle du pays dans la nuit du 14 au 15 novembre pour s'opposer à l'éviction du vice-président d'alors Emmerson Mnangagwa. Après un bref exil sud-africain, Emmerson Mnangagwa a prêté serment vendredi comme président du pays.
Une université en son honneur. Leo Mugabe a refusé d'évoquer des informations sur un montant présumé de 10 millions de dollars (8,4 millions d'euros) de retraite qui aurait été négocié par Robert Mugabe pour accepter de démissionner. Selon lui, Grace Mugabe, épouse de Robert Mugabe, souhaite se concentrer sur un nouveau projet, la construction d'une université en son honneur. "J'aime bien son état d'esprit, elle reste auprès de lui tout le temps", a-t-il expliqué. "C'est une personne formidable. Elle veut continuer à superviser la construction de l'Université Robert Mugabe, de sorte qu'ils aient quelque chose à faire", a ajouté le neveu.
Impopulaire Grace Mugabe. L'ambitieuse et impopulaire Grace Mugabe, 52 ans, avait brigué ouvertement ces derniers mois la succession de son époux à la santé fragile. L'éviction d'Emmerson Mnangagwa, sur ordre de Grace Mugabe, avait fait de l'ex-Première Dame la favorite de la course à la succession de son mari, un casus belli pour les militaires. En août, le Zimbabwe avait annoncé le projet de construction d'une université à Mazone, à environ 35 km à l'extérieur de la capitale Harare. Ce projet avait suscité nombre de critiques, l'économie étant ruinée par des réformes dévastatrices lancées par Robert Mugabe.