Les Jeux olympiques d'hiver sont terminés, mais pas la polémique. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a confirmé lundi qu'il examinait les commentaires des JO de Sotchi lors de leur retransmission sur les antennes de France Télévisions, alors que des critiques relayées par les réseaux sociaux et la presse les ont jugés parfois graveleux, voire sexistes. "On visionne les propos", a indiqué le CSA à l'AFP, sans plus de précisions sur le calendrier du dossier.
Du côté de France Télévisions, on balaie cette polémique d'un revers de la main. Interrogé sur Europe 1 lundi, le directeur des sports du groupe, Daniel Bilalian, a notamment tenu à défendre le consultant Philippe Candeloro (photo). "Il a l'habitude de faire des plaisanteries, je crois qu'il n'y a rien de sexiste chez lui", a-t-il affirmé.
>> Que peut faire le CSA ? On vous explique en trois questions-réponses comment l'autorité de régulation traite ce type de dossier :
• Pourquoi le CSA s'est-il saisi du dossier ?
"On a été harcelés par les téléspectateurs", déclare Christine Kelly, membre du CSA, dans Le Parisien mardi. "D'habitude, sur ce genre de sujet, j'ai un ou deux messages. Là, j'en ai reçu plus de 200. Donc on va étudier la question". Le Conseil peut en effet intervenir "sur plainte des auditeurs ou téléspectateurs, par courrier, courriel ou téléphone", explique le CSA sur son site. Des associations peuvent également le saisir. Mais les Sages peuvent aussi s'emparer d'un dossier de leur propre initiative, soit lorsqu'ils remarquent eux-mêmes un manquement, soit lorsque celui-ci a été relevé dans la presse ou sur Internet.
• Quelles sont les sanctions à la disposition du CSA ?
Plus que la sanction, le CSA pratique surtout l'avertissement. Lorsqu'il constate un manquement, le Conseil peut adresser une simple lettre de mise en garde à une chaîne de télévision ou radio. C'est par exemple ce qui est arrivé en janvier à Canal+, avertie pour avoir montré un membre du public du Petit Journal faisant le geste de la "quenelle". Plus grave, le CSA peut adresser une "mise en demeure" en cas d'"atteinte caractérisée aux obligations" que doit remplir la chaîne, mais cela reste sans conséquence pénalisante pour celle-ci.
En revanche, lorsqu'une chaîne a déjà été mise en demeure pour un manquement et commet à nouveau la même faute, le CSA peut engager une procédure de sanction. Ces punitions peuvent aller de l'amende à la suspension d'une l'autorisation de diffusion. Le CSA peut également imposer la lecture d'un communiqué à l'antenne, comme il l'a fait en 2010 pour TF1 et Canal+. Dans les faits, le CSA préfère prévenir plutôt que punir. Ainsi, sur l'année 2012, il a infligé 108 mises en demeure et seulement six sanctions.
• Des médias ont-ils déjà été avertis pour sexisme ?
Comme l'a laissé entendre Christine Kelly sur Twitter, c'est surtout sur le sexisme supposé de certains propos tenus lors des JO de Sotchi que devrait se pencher le CSA. Si elle n'a jamais prononcé aucune sanction pour ce motif, l'autorité est intervenue à quelques occasions sur ce sujet. En 2003, le Conseil avait écrit à TF1 à propos du comportement sexiste d'un participant de Koh Lanta. L'année dernière, les radios RMC et Melody FM ont été mises en demeure pour des propos misogynes. En revanche, le service public n'a jamais été rappelé à l'ordre par le CSA pour ce type de problème.
LA RÉPONSE - Daniel Bilalian ne trouve "rien de sexiste" chez Candeloro
CRITIQUES - Le CSA examinera les commentaires des JO
TERRAIN GLISSANT - JO de Sotchi : critiqué, France Télévisions se défend