Les déboires du patron du FMI, accusé d'agression sexuelle, relancent un vieux débat. Celui du traitement accordé par les médias français à la vie privée des politiques. Au lendemain de l’arrestation du directeur général du FMI, la presse anglo-saxonne ne mâche pas ses mots à l’égard des médias français. Selon le britannique The Guardian, l'arrestation de Strauss-Kahn a soulevé "la question gênante dans les médias français et la politique de deux monde parallèles : ce qui est imprimé, et ce qu'il y a derrière, les commérages, et ce qui doit rester officiellement les non-dits".
Un point de vue partagé par Rachel Marsden, éditorialiste pour l'agence d'informations Tribune Media Services. "Ce n’est pas la première fois qu’on entend ces histoires sur DSK. Pourquoi attendre que ça éclate en scandale pour que la presse commence à en parler ?", interroge la journaliste, regrettant que les médias français "excusent tout au nom du privé".
De l'auto-critique dans l'air
Des critiques que semble également partager une partie de la presse en France. "C'est une claque et il était temps !", se félicite Jean Quatremer. Le correspondant de Libération à Bruxelles évoquait déjà sur son blog en 2007 un DSK "trop pressant", frôlant "souvent le harcèlement". "A l'époque, je disais tout ce que tout le monde savait de DSK, qui risquait de déraper aux Etats-Unis mais personne n'a enquêté, les journalistes américains étaient sidérés", se souvient Quatremer.
Comme lui, plusieurs journalistes plaident désormais pour une évolution de la presse française. "La protection de la vie privée ne doit pas servir de prétexte à cacher des pans entiers de la personnalité de politiciens qui sont candidats à diriger le pays. Cela doit être la leçon de l'affaire DSK", s'insurge le journaliste Pierre Haski auteur d'un éditorial très critique sur le site Rue 89, qu'il a co-fondé. Olivier Royan, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Paris Match, déplore de son côté une "sacralisation extraordinaire de la politique en France: l'homme politique ne représente que ses idées".
"Mettez-vous dans l’hypothèse où il est innocent"
Toutefois, certaines voix s’élèvent pour mettre en garde contre la tentation de tomber dans l’excès inverse. "Tant qu’il n’y a pas d’impact de la vie privée sur la vie publique, pourquoi voulez-vous que la presse en parle ? ", interroge Christian Delporte, spécialiste des médias joint par Europe1.fr. Pour ce dernier, il est important distinguer le "DSK séducteur de l’éventuel DSK violeur". "On a une sorte de mea culpa par rapport à un comportement précédent qui n’était pas prévisible", observe-t-il, avant de mettre en garde : "mettez-vous dans l’hypothèse où il serait innocent".
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