Les personnes que l'on voit à la télévision reflètent-t-elle la réalité de la société française ? Cette question, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) tente d'y répondre en publiant, chaque année depuis 2009, un rapport sur la représentation de la diversité sur le petit écran. Les résultats de l'étude pour 2013 seront rendus publics en février, mais Mémona Hintermann, présidente du groupe de travail "Diversité" au CSA, en a livré les premières conclusions au micro du Grand Direct des médias, jeudi sur Europe 1. Et s'est félicité d'"un véritable progrès" enregistré cette année.
Les "non Blancs" progressent. Pour établir ce rapport, "44.000 personnes prenant la parole dans plus de 2.500 programmes ont été auscultées image par image", martèle la conseillère. Résultat : pour elle, la télévision "évolue dans le bon sens" en termes de diversité. "Ce qui semble important, c'est qu'il y ait un véritable progrès de ceux que l'on voit comme non blancs, c'est-à-dire les Noirs, les Arabes, les Réunionnais comme moi", explique-t-elle.
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La part de ceux qui sont perçus comme "non blancs" s'élève désormais à "16% dans les programmes en général", alors qu'elle était de 12% en 2012, mais de 15% en 2011. Mémona Hintermann a livré le détail dans deux catégories de programmes : les "non Blancs" représentent 17% de ceux qui apparaissent dans la fiction (12% en 2012) et 21% dans les émissions de divertissement (14% en 2012).
Les jeunes et les vieux sous-représentés. Toutefois, Mémona Hintermann concède que "les couches des classes supérieures de la population sont omniprésentes" à la télévision, même si "elles reculent légèrement". Par ailleurs, "les moins de 20 ans et les plus de 65 ans sont très sous-représentés", souligne-t-elle.
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Favorable aux statistiques ethniques. "Il y a des progrès, mais il faut encore en faire", admet Mémona Hintermann, qui estime cependant que l'interdiction des statistiques ethniques en France gêne la mesure de la diversité. "Quand on dit qu'il y a 16% de gens vus comme non blancs dans les programmes, c'est par rapport à quoi ? C'est là qu'en France, nous sommes extrêmement gênés", estime-t-elle.
"Il est interdit, contrairement aux Britanniques, aux Allemands, aux Canadiens, de faire ce qu'on appelle des statistiques ethniques, c'est-à-dire de savoir qui nous sommes, combien nous sommes, d'où nous venons, à quoi nous ressemblons", poursuit-elle. "Finalement, est-ce qu'on a peur de le savoir ? Il serait intéressant de connaître la vérité".
Réfléchir "d'une façon décomplexée". Mémona Hintermann reconnaît avoir changé de position sur cette question délicate. "Il y a sept ans, j'avais écrit noir sur blanc que j'étais contre", concède-t-elle. Mais elle assure que "le propos change en France" sur ce sujet. De manière générale, la conseillère du CSA affirme qu'il faut réfléchir à la question de la "diversité d'une façon décomplexée, d'une façon utile pour ce pays".