Retardé pour cause d’affaire DSK, le rendez-vous politique de la rédaction de France 2, en vue de la présidentielle de 2012, est inauguré jeudi à 20h35. Le premier invité de cette émission présentée par David Pujadas, et dont ce seul numéro sera diffusé avant l’été, est Marine le Pen. Une émission mensuelle de 90 minutes, en cinq parties, dont l’objectif affiché est de confronter le discours de l'invité à ses actes.
"La promesse est dans le titre". Avec ce nouveau rendez-vous, France 2 n’a pas choisi l’innovation. "Ca n'est pas forcément la différence pour la différence qu’on cherche, c’est faire du bon journalisme", a expliqué David Pujadas, invité de Jean-Marc Morandini sur Europe 1 jeudi. "La promesse est dans le titre, 'des paroles et des actes'. 'Paroles, paroles', disait Dalida. C’est pourquoi les invités seront confrontés à la réalité, notamment par "des images d’archives, des faits, et des graphiques", a annoncé le journaliste.
Cinq parties. L'émission sera découpée en cinq parties. D'abord, une séquence dans laquelle l'invité principal est interrogé sur ce que disent de lui ses mots et ses attitudes, dans le but de pointer ses contradictions. Dans un deuxième temps, un point fort du programme sera abordé. "En l’occurrence, Marine Le Pen est très attendue sur son programme économique et social", affirme David Pujadas. Ensuite, un débat sera organisé, qui confrontera jeudi la patronne du Front national à la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot. La quatrième partie de l'émission sera consacrée à la stratégie de campagne du candidat, avant une conclusion assurée par des observateurs de la vie politique, qui changeront chaque mois. Jeudi, l’exercice sera inauguré par Laurent Joffrin, patron du Nouvel observateur, ainsi que par la journaliste de Marianne Caroline Fourest.
Pas d’interactivité. Contrairement à TF1, France 2 n’a pas choisi de jouer la carte de l’interactivité. Alors que les internautes de la première chaîne sont invités à déposer chaque mois leurs questions destinées à l’invité de Parole directe, mais également à choisir les thèmes de l’interview, aucun relais n’est fait sur le site de la chaîne du service publique. L'émission sera toutefois diffusée en direct sur France2.fr.
Un calendrier bouleversé. L’émission est lancée le 23 juin seulement, soit près d’un mois et demi après Parole Directe, le magazine de TF1, présenté par Laurence Ferrari. Un retard dû à l’annulation de l’émission du 19 mai dernier, en raison de la programmation d’une émission spéciale pendant une audience de Dominique Strauss-Kahn. La première chaîne a eu le temps d’inviter François Fillon, ainsi que Martine Aubry pour ses deux premiers numéros.
Marine Le Pen, choix contesté. Le lancement de Des Paroles et des actes s’est accompagné d’un mouvement de grève à France Télévisions. Une contestation qui n’est pas liée au contenu de l’émission, mais davantage à l’identité de l’invitée. "Des candidats pour 2012, il n y en a pas 36 et que ça nous plaise ou pas, Marine Le Pen et le Front national, c’est le phénomène politique marquant de ce premier semestre 2011", se défend David Pujadas, avant d'ajouter : " il faut revenir à un peu de bon sens, le militantisme des journalistes contre le Front national, ça ne marche pas".
Une émission "ouverte" à tous les candidats. "S’il y a 25 candidats au final, on aura du mal à faire venir tout le monde, mais tout le monde aura une place, c’est certain", a assuré David Pujadas jeudi. Les dix candidats les plus importants seront invités principaux, alors que d’autres interviendront de façon plus courte.
Le prime, "un risque" ? Les audiences des émissions politiques en prime-time sont généralement assez moyennes. C’est une des raisons pour lesquelles TF1 a misé sur un format court - vingt minutes - diffusé à 20h15, soit dans la foulée du journal télévisé le plus suivi en France, s’assurant ainsi une audience supérieure à 5 millions de téléspectateurs. Sur France 2, on mise davantage sur la longueur. "Je ne sais pas si c’est un choix risqué, c’est notre mission à France Télé et c’est aussi notre plaisir aussi (…) C’est dans nos gènes, ces émissions ont toujours trouvé leur public", argumente David Pujadas.
Reste que la présence de Marine Le Pen pourrait bien apporter une audience certaine à France 2. Objectif affiché : deux à trois millions de téléspectateurs.