Koh Lanta, qui n’est pas forcément une émission destinée aux enfants, réalise un carton auprès des plus jeunes. En avril dernier, lors de la diffusion sur TF1 de Koh Lanta, le choc des héros, les audiences avaient été excellentes, dépassant à chaque fois les 30% de part d’audience. Un pourcentage qui s’élevait à 51% en moyenne sur les 4-14 ans.
Le phénomène n’est "pas un hasard" selon le Dr. Stéphane Clerget, pédopsychiatre, interrogé par Europe1.fr. "Ca correspond globalement aux attentes des enfants. Il y a de l’aventure, des épreuves, de la débrouillardise, ça donne une dimension très ludique, qui plaît surtout entre 6 et 8 ans", analyse-t-il. Selon lui, le succès du programme tient aussi aux références auxquelles il fait appel : "le mythe de Robinson Crusoé, ça leur parle beaucoup, ils se retrouvent là-dedans. C’est un Pirate des Caraïbes grandeur nature".
Les méchants, ça existe dans la vie
Le jeu, bien que basé sur des valeurs positives - aventure, dépassement de soi, solidarité - met tout de même en avant des comportements égoïstes, et des trahisons de la part des aventuriers. Pour le docteur, "ça n’a rien de perturbant, ça fait partie de la vie, de la compétition scolaire ou du sport (…) Après, il faut que ce soient les solidaires, les bons, qui gagnent", explique-t-il.
"Il doit y avoir un côté éducatif dans les émissions suivies par les enfants, et donc les méchants ne doivent pas gagner", poursuit-il.
Le journal télé et Dilemme, le pire
Koh Lanta met souvent en scène des candidats qui souffrent, ou qui sont poussés à bout, mais "c’est loin d’être aussi dangereux que le journal télévisé", d’après Stéphane Clerget. "Le plus dangereux pour un enfant, c'est le journal télévisé, ils croient regarder une vitrine du monde, mais c’est biaisé. Ils croient que ce qu’ils voient se passe en bas de chez eux alors qu’on a choisi les pires images des quatre coins du monde".
Côté télé-réalité, le plus gênant, selon Stéphane Clerget, c’est "lorsque les personnes sont humiliées, comme dans la dernière émission de W9, Dilemme. Cette fille qu’on trainait dans la boue, ça montre aux enfants des gens qui sont prêts à tout pour leur quart d’heure de célébrité, ce n’est pas bien".
Au final, l’essentiel pour les enfants est qu’on leur donne de bons exemples : "le problème de Secret Story, par exemple, c’est la vulgarité, et la nudité. Ca n’est pas pour les enfants, il faut les écarter de la sexualité adulte", constate-t-il. "Ce sont des adultes dans un bocal, qui cohabitent, ça peut intéresser les enfants, mais pour la plupart, les candidats ne sont pas de bons exemples. On n'aimerait pas les avoir comme enfants."
Le Dr. Stéphane Clerget est l’auteur de Pedopsy de poche, aux éditions Marabout