L'INFO.Libération va mal et Nicolas Demorand, son directeur de la publication, est à nouveau sous le feu des critiques. Réunis mardi en assemblée générale, les salariés du quotidien ont réclamé son départ à la quasi-unanimité, alors que la direction du journal est contrainte d'engager un plan d'économies.
Une contestation qui dure. L'assemblée générale de mardi a réuni près de trois quarts des salariés. 90% des présents ont voté une motion de défiance qui demande le départ de Nicolas Demorand et Philippe Nicolas, co-présidents du directoire, selon la CGT. Ce départ est selon eux indispensable pour "rendre possible la mise en place d'un vrai projet de développement et d'un plan d'économies légal et crédible".
Nommé en mars 2011 à la tête de Libé, Nicolas Demorand avait déjà essuyé une motion de défiance trois mois après son arrivée. La tension n'est jamais retombée depuis. En avril 2012, l'assemblée générale avait déploré un "grand malaise", dénonçant "l'attitude autoritaire et arrogante de la direction". En juillet dernier, sous la pression de la société des personnels, Nicolas Demorand avait dû abandonner sa casquette de directeur de la direction, qu'il cumulait avec celle de co-président du directoire.
Des comptes dans le rouge. Après trois années bénéficiaires, Libération devrait perdre plus d'un million d'euros en 2013. Par ailleurs, le titre doit rembourser une dette de 6 millions d'euros, au rythme d'1,5 million par an. Les actionnaires se refusant à réinjecter du capital, les dirigeants de Libération ont présenté un plan d'économies de 4 millions d'euros, dont 2 millions porteront sur la masse salariale.
Une baisse des salaires. La direction fait valoir qu'elle "donne la priorité au maintien de l'emploi et refuse un plan social". Son projet prévoit notamment une baisse "temporaire" des salaires de 10%, graduée en fonction des niveaux de rémunération, mais aussi des départs volontaires à la retraite et des passages à temps partiel.
Des ventes en berne.Libération souffre particulièrement de la crise qui touche la presse quotidienne. Ses ventes en kiosque ont chuté de quasiment 30% depuis le début de l'année. Sa diffusion payée totale en France a, elle, reculé de 16,5% sur les neufs premiers mois de 2013, pour atteindre 102.221 exemplaires en septembre.
Le soutien des actionnaires. La direction conserve toutefois le soutien des propriétaires de Libé, détenu principalement par les hommes d'affaires Bruno Ledoux, Edouard de Rothschild et le groupe italien Ersel. "Quel que soit le résultat du vote, les actionnaires soutiennent le directoire", a répété un représentant de Bruno Ledoux.