Le livre posthume de Charb, Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, est "une mise au point". Cet ouvrage, qui sort jeudi en librairies, l'ancien directeur de la publication de Charlie Hebdo venait de l'achever juste avant de trouver la mort dans la dramatique attaque du 7 janvier dernier. Marika Bret, l'une des proches de Charb, devenue DRH de Charlie Hebdo, était l'invitée de la matinale d'Europe 1. Elle est revenue sur ce livre chargé de symboles.
"Ce livre n'est pas un testament." Dans les extraits de ce livre, publié mercredi par le Nouvel Observateur, Charb répond aux critiques régulièrement adressées à la rédaction du journal satirique et notamment celles d'islamophobie. Sans détour, le dessinateur pointe du doigt la responsabilité des gouvernants de l'ère Sarkozy qui ont contribué à faire le lit du racisme. Il revient aussi entre ces pages sur l'affaire des caricatures de Mahomet, publiées en 2006 par Charlie Hebdo et n'épargne pas non plus les croyants qui lisent, estime-t-il, les textes saints au pied de la lettre.
Marika Bret tient à préciser : "ce livre n'est pas un testament, mais la mise au point d'un homme qui a travaillé vingt ans à Charlie Hebdo, qui a dirigé le journal durant les neuf dernières années et qui a subi, comme toute l'équipe de Charlie Hebdo, des attaques permanentes de racisme." La dernière année, Charb disait qu'il passait "la moitié du temps à faire le journal et l'autre moitié du temps à expliquer pourquoi il le faisait", explique Marika Bret qui voit dans ce livre la réponse à cette question.
La décision de publier Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes a pris du temps, raconte Marika Bret, qui connaît les parents de Charb depuis vingt ans. "Vous pouvez imaginer, pour eux qui ont enterré leur fils, combien la lecture de ce livre a été difficile, combien la décision de le sortir a été difficile. Dans le livre, on ne trouve aucun dessin de Charb. "Je pense qu'il ne voulait que les mots", précise Marika Bret qui évoque un livre "presque pédagogique". Ce livre est le seul livre de Charb sans dessin.
Ce livre parle "de la démocratie, de la République, de la laïcité", résume Marika Bret qui martèle : "Seule la laïcité permet à chacun de croire ou de ne pas croire" en Dieu.
"Les 'oui, mais' sont assassins." Marika Bret l'affirme, Charb "n'a jamais jamais regretté" d'avoir publié les caricatures danoises, en 2006, qui ont été le déclencheur de l'horreur. Le dessinateur vivait depuis avec la peur. Il était sous protection policière. Certains accusaient, accusent encore Charlie Hebdo d'être islamophobe. Le dernier en date ? Le rappeur Booba. "Depuis trop longtemps, ce qui tue profondément le débat, et ce qui a participé à la tuerie du 7 janvier, ce sont les 'oui mais' assassins."
>> A LIRE AUSSI - Le livre posthume sans concession de Charb