Jamais deux sans trois ? Après avoir repris Le Monde en 2010, et alors qu'ils s'apprêtent à boucler le rachat du Nouvel Observateur en avril, le fondateur de Free Xavier Niel, l'homme d'affaires Pierre Bergé et le banquier Matthieu Pigasse s'intéressent à nouveau à un titre de presse. Selon L'Express, le trio "BNP" a pris la décision de racheter le quotidien Libération, actuellement en proie à de graves difficultés financières.
Mais alors que Libérationest à la recherche de 12 millions d'euros pour se remettre à flot, les trois actionnaires du Monde ont choisi d'attendre un éventuel dépôt de bilan avant de s'emparer du titre, avance l'hebdomadaire. Ils interviendraient ainsi au moment où le dossier passerait devant le tribunal de commerce. "Il ne s'agit pas de payer le journal à moindre prix, mais d'avoir les mains libres pour le redresser, et notamment supprimer le droit de veto de la rédaction sur le choix de son prochain directeur", décrypte L'Express.
"Nous suivons la situation avec attention". Interrogé jeudi sur le sujet au micro de France Inter, Matthieu Pigasse a reconnu que le trio qu'il forme avec Xavier Niel et Pierre Bergé était intéressé par Libération. "On ne peut pas aimer la presse, s'engager dans la presse, et rester indifférent au sort de Libération. Donc nous suivons, mes partenaires et moi-même, la situation de Libération avec attention", a-t-il indiqué.
"Maintenant, Libération a des actionnaires, ces actionnaires ont un projet", a toutefois rappelé celui qui est directeur général de la banque Lazard en France. "On ne nous a pas sollicités, on ne nous a rien demandé". Mais si la situation du journal se complique encore, le trio pourrait bien intervenir. "Si accident il y a, nous aviserons à ce moment-là et nous verrons", a expliqué Matthieu Pigasse, précisant qu'"accident peut vouloir dire dépôt de bilan".
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Dégager des complémentarités. Pourquoi le trio "BNP" reprendrait-il un titre aussi mal en point ? "Je pense que nous le ferions pour deux raisons. La première, c'est parce que nous considérerions qu'il y a une cohérence entre ce journal et le groupe que nous sommes en train de constituer", a détaillé Matthieu Pigasse. "D'autre part, il existerait des complémentarités entre les différents supports : matin, soir, papier, Internet, numérique, mobile, etc."
"Mais à nouveau, ce n'est pas une situation sur laquelle nous sommes actifs", a nuancé le banquier, rappelant que l'acquisition du Nouvel Observateur, "qui devrait intervenir dans les toutes prochaines semaines", était vraiment la "priorité".
Un nouvel empire de presse. En reprenant Libération, Bergé, Niel et Pigasse pourraient ajouter un nouveau titre à un panier déjà bien rempli. A travers le groupe Le Monde, le trio possède non seulement le quotidien du soir, mais aussi plusieurs magazines comme Télérama, Courrier international et La Vie. Avec le rachat du Nouvel Obs, les trois hommes doivent mettre la main sur le newsmagazine le plus diffusé en France, mais également sur le site Rue89. Dans un monde de la presse durement affecté par la baisse des ventes, un nouvel empire est incontestablement en train de naître.
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