Les confidences de Nicolas Canteloup

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ANNIVERSAIRE - Nicolas Canteloup était l'invité de la matinale d'Europe 1, vendredi, pour les dix ans la Revue de presque.

Depuis dix ans sur Europe 1, sa vraie voix est celle qu'on a le moins entendue. Du "vrai" Nicolas Canteloup, qui fête les dix ans de la Revue de presque, on sait peu de chose. L'humoriste, qui a commencé comme prof d'équitation le jour et "Gentil Organisateur" le soir, a fait ses premières armes au Club Med. "On apprend le métier de la scène non pas à l'Université, mais sur le tas et le Club Med vous donne la chance de pouvoir monter sur scène au delà du métier que vous exercez." C'est ainsi qu'il s'est donc "habitué au public". "Je crois qu'on a tous un fond de comédien mais c'est le fait de sauter dans la piscine, de monter sur scène" qui fait la différence. Le Club Méditerranée lui a surtout appris à "apprivoiser le regard des gens", à "ne pas être inhibé parce qu'il y a 300 ou 400 personnes qui vous regardent", explique l'humoriste.

Canteloup, extraverti à l'antenne, introverti dans la vie ? "Je ne crois pas être timide", confie Nicolas Canteloup. L'homme garde pourtant sa part de mystère. "J'ai une forme de réserve, parce que mon métier est basé sur l'observation", raconte Nicolas Canteloup, qui explique être "toujours un peu en recherche de personnages à imiter." Tout est parti d'une aventure de copains, dans la région bordelaise, d'où Nicolas Canteloup est originaire. L'imitateur, qui reste fidèle à l'équipe des débuts, et notamment à son producteur Jean-Marc Dumontet, "pense sincèrement qu'il n'aurait pas fait ce parcours sympa sans eux." Jean-Marc Dumontet a eu "un côté visionnaire qui va au delà du producteur" selon lui. "Au delà de l'imitation, ce sont les textes qui portent les personnages", souligne encore Nicolas Canteloup, qui rend un hommage appuyé à ses auteurs, Philippe Caveriviere, Laurent Vassilian et un peu plus récemment, Arnaud Demanche. 

Le secret du succès ? Le secret de la "recette Canteloup", c'est évidemment, à 8h45 chaque matin, de rebondir sur l'actualité la plus chaude. Mais comment fait-il ? "On essaye d'avoir la chronique prête la veille au soir", raconte Nicolas Canteloup. L'humoriste dort sur ses deux oreilles quand il sait "que l'émission est pondue la vieille", dit-il. Les derniers ajustements sont ensuite opérés "très rapidement" par Philippe Caveriviere et Laurent Vassilian, chaque matin en écoutant la matinale d'Europe 1. 

"On peut être imitateur et avoir un cœur !" L'humour piquant de Nicolas Canteloup est parfois mal passé auprès des premiers concernés. Depuis le début de l'année, il y a eu quelques accrochages, avec l'animateur de radio Jean-Jacques Bourdin ou encore le politique Jean-Vincent Placé. Ça me touche un peu", concède Nicolas Canteloup. "On peut être imitateur et avoir un cœur !", s'exclame-t-il, se retranchant derrière l'humour. Nicolas Canteloup explique pourtant être en bons termes avec ceux qu'il imite. "On essaye de trouver un angle drôle, et forcément, on ne peut pas faire rire en mettant en valeur les gens". L'humoriste comprend donc que la cible se sente touchée, mais l'idée, dit-il, "c'est de faire rire le plus grand nombre", rappelle-t-il. Nicolas Canteloup a-t-il eu le sentiment d'aller trop loin parfois ? "C'est un peu présomptueux de dire ça mais non, parce qu'on est assez vigilants. On est quand même trois à quatre à l'écriture, à se relire", précise-t-il. "Jean-Marc Dumontet a cette exigence de lire nos textes. Il demande à ce que l'on soit féroces, mais il suffit que l'un d'entre nous lève la main, on comprend tout de suite, et on ne le fait pas, tout simplement".  

Après la polémique avec Jean-Vincent Placé ou Jean-Jacques Bourdin, Nicolas Canteloup ne s'est pas senti utilisé. "Franchement, j'ai senti de la sincérité dans leur colère". Nicolas Canteloup a pourtant refusé un déjeuner avec  Jean-Vincent Placé. L'humoriste confie essayer de "garder un peu de distances, surtout avec les politiques". S'il se dit fasciné par leur mission, il attend, pour se rapprocher d'eux, de ne plus exercer son métier d'imitateur. "Sinon la distance n'est plus là et vous ne pouvez plus être incisif."

Comment fait-il pour attraper une voix ? Pour attraper le timbre juste, le bon rythme et l'intonation d'un personnage, "soit ça vient tout seul et il n'y a pas grand mérite", raconte Nicolas Canteloup, "soit c'est une commande" et c'est plus délicat. "Quand il faut faire Emmanuel Macron qui débarque du jour au lendemain, c'est un peu de travail de visionnage", dit-il. Même chose quand Ségolène Royal s'est vue propulsée dans les sondages en 2006. C'est le moment du métier "le plus laborieux" pour l'humoriste."Il faut visionner, visionner, même si on n'a pas de piste, à un moment donné le cerveau enregistre tout de même quelque chose." Un mot, une intonation... "Je me souviens Ségolène Royal c'était sur les mots en "r" par exemple, elle avait aussi inventé un son qui n'est pas le "ou", pas le "o" mais entre les deux."