Doit-on qualifier Michel Houellebecq de cancre ou d’écrivain moderne ? A l’instar d’un élève paresseux épinglé par son professeur lors d’un exposé, l’auteur à succès a été pris en flagrant délit de plagiat par Slate. Le site internet révèle que certains extraits de son dernier roman, La carte et le territoire ressemblent de très près aux notices correspondant sur Wikipedia. L’article cite ainsi un portrait du président de Chasse, pêche, nature et traditions Frédéric Nihous, la description de la ville de Beauvais ou celle de la mouche domestique.
La question du droit
La carte et le territoire est agrémenté de très longues descriptions comme les aime Michel Houellebecq. Il n’est donc pas surprenant qu’il se soit documenté sur Wikipedia. Mais pour être dans son droit, il aurait fallu qu’il cite l’encyclopédie en ligne. Ce n’est pas parce qu’elle est publiée sous licence libre qu’on peut la reproduire sans la citer. D’après l’article, l’auteur des Particules élémentaires s’est d’ailleurs inspiré d’autres textes en ligne pour décrire la profession de commissaire de police ou l’hôtel Carpe Diem à Arles.
Copier-coller et littérature
L’autre question soulevée par cette découverte est d’ordre littéraire. Les informations quasiment recopiées correspondent aux premiers résultats d’une recherche sur Google. "Je pense que ça n’a rien de scandaleux. Ça s’intègre parfaitement dans son style", a commenté sur Europe 1, Vincent Glad, l’auteur de l’article. "Grâce à Google et Wikipedia, on découvre sans problème d’où viennent les emprunts", explique le journaliste qui pensait que "les passages encyclopédiques de Houllebecq étaient plutôt réécrits."
Sa maison d’édition, Flammarion, explique que "Michel Houellebecq utilise effectivement les notices et sites officiels comme matériau littéraire brut pour parfois les intégrer dans ses romans après les avoir retravaillés. Si certaines reprises peuvent apparaître telles quelles ‘mot pour mot’, il ne peut s’agir que de très courtes citations".
Un "phénomène de société"
Michel Houllebecq est plus qu’un écrivain, c’est un "phénomène de société", selon le critique littéraire Pierre Assouline. En tant que tel, il a laissé un des personnages de La carte et le territoire écrire son épitaphe : "Même son navigateur Internet ne révéla rien de bien passionnant. Il ne se connectait à aucun site pédophile, ni même pornographique". Voilà peut-être comment l’écrivain se voit et veut laisser sa trace. Celle d’un homme de son siècle et qui s’informe sur Internet.