Il ne voit "rien d'offensant là-dedans". Abdelali Mamoun, imam d'Alfortville, dans le Val-de-Marne, commente pour nous le numéro de Charlie Hebdo sorti mercredi, une semaine après l'attentat qui a décimé sa rédaction.
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"Ce qui est blasphémé, c'est l'extrémisme". Abdelali Mamoun n'est pas choqué par la une de l'hebdomadaire, un dessin de Luz qui représente le prophète, la larme à l’œil, une pancarte "Je suis Charlie" à la main, surmonté de ces mots : "tout est pardonné". "Il n'y a rien dans cette une", assure-t-il. "Ce sont des non-musulmans qui dessinent le prophète, ils ont le droit de le faire", souligne l'imam, plutôt amusé par la lecture de l'hebdomadaire satirique.
"Ce qui est blasphémé, c’est l’extrémisme, la bêtise humaine, au nom de l’islam, de la religion, ou des religions : on fait pas de cadeaux, même aux juifs, aux chrétiens aussi, tout le monde y passe", note encore Abdelali Mamoun, qui découvre aussi, dubitatif, le dessin d'une femme en burqa "qu'on voit totalement déshabillée en-dessous".
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"Ils ont le droit !". "Si cela ne me plaît pas, ce qui est le cas puisque ça offense ma religion, je le dis de la même manière, caricaturale : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe", poursuit-il tout de même, ajoutant : "on désapprouve, on est pas contents mais on dit haut et fort : 'ils ont le droit !'". Et l'imam d'Alfortville de lancer : "si demain leurs crayons ne marchent plus, nous serons le taille-crayon qui leur permettra d’écrire et de dessiner, parce que la première chose que le prophète est lui-même venu défendre, c’est la liberté d’expression".