C’est la crise chez les sagas de l’été ! Alors qu’il y a cinq ans elles régnaient sur les audiences (12 millions de téléspectateurs pour Dolmen en 2005), aucune chaîne de télévision française n’en a programmé en 2010. Ce qui n’était pas arrivé depuis 10 ans. Ces grands-rendez-vous estivaux sont victime des budgets plus restreints, mais aussi d’un cruel manque de renouvellement.
"Arrêtons de faire ‘Les Experts dans le Lubéron’"
Les sagas de l’été ont en fait connu un gros pic de succès en 2004/2005 avant de chuter chaque année. TF1 a ainsi perdu plus de 4 millions de téléspectateurs en trois ans, entre Zodiaque (10 millions de passionnés) et Mystère (à peine 6 millions en 2007).
Pour Ariane Grassi, journaliste spécialiste des séries pour Star Mag, cette érosion s’explique par une trop grande surenchère. "TF1 avait visé très haut avec Zodiaque". La série a très bien fonctionné, mais a poussé les chaînes à toujours en faire plus. "Ils ont voulu en faire trop : ‘Attention, ça va être plus trash, plus tourné vers le surnaturel’.Et ils ont perdu le public historique des sagas, plus familial", continue Ariane Grassi. Un grand secret, une passion amoureuse, un peu d’histoire de France et une belle région, le public n’en demanderait pas plus. "Il faut arrêter de faire ‘Les Experts dans le Lubéron’. Il y a eu trop de prétention dans les dernières sagas de l’été", continue Ariane Grassi.
"Saga de l’été ", une expression tabou
Depuis 2008, les sagas de l’été se font donc plus rares, n’arrivant pas à s’imposer face aux séries américaines comme Cold Case ou Les Experts. En 2009, seule M6 s’était lancée dans la brèche avec Eternelle. Et encore, la chaîne a du mal à assumer. "Il n’y a jamais eu de saga de l’été sur notre antenne", a martelé la communication de M6 à Europe1.fr. La chaîne semble donc avoir oublié Laura, diffusée en 2006, et vendue comme telle.
Même son de cloche pour France 2, qui refuse à présenter sa nouvelle fiction La Maison des Rocheville, diffusée en septembre, comme l’une d’entre elles. "C’est une grande saga française", explique la chaîne à Europe1.fr. "Ça n’a rien à voir avec les fictions de l’été". A la vue du scénario, l’histoire d’une maison familiale sur cinq générations, La Maison des Rocheville n’aurait pourtant rien à envier aux sagas de l’été des années 1990.
Victimes de la crise
Les sagas de l’été sont elles aussi victimes de la crise. Depuis deux ans, toutes les chaînes ont revu leur budget à la baisse. Et une saga de l’été coûte cher, autour de 10 millions d’euros. "Les chaîne ne vont plus investir dans une série, diffusée sur cinq à six semaines, sans savoir si elle va fonctionner". Surtout qu’un épisode des Experts coût beaucoup moins cher à l’achat, et reste rediffusable à l’infini, "contrairement aux sagas qui vieillissent plutôt mal", ajoute Ariane Grassi.
Cette frilosité des chaînes s’explique aussi par la crise que traverse globalement la fiction française. "Il y a quelques années, TF1 pouvait diffuser n’importe quelle fiction, cela fonctionnait", continue Ariane Grassi. "Aujourd’hui, même Joséphine, Ange gardien est en danger".
Les chaînes doivent donc sérieusement penser à renouveler le genre. "Il faut revenir aux bases, il y a toujours un public pour ces histoire-là", conclut Ariane Grassi. "Et puis il y a toujours un effet de mode. A la fin des années 1990, les sagas de l’été n’avaient pas non plus la cote. Rien ne dit que ça ne pourra pas revenir un jour".