Jeudi soir a lieu la première confrontation télévisée entre les six candidats à la primaire socialiste. Piloté par David Pujadas, ce rendez-vous très attendu, d’une durée de deux heures, se divisera en trois parties : une courte présentation de chacun des candidats, des interviews de dix minutes à tour de rôle, puis cinquante minutes de débat. Europe1.fr fait le point sur l’émission.
Une minute, pas plus. Dans un premier temps, Martine Aubry, Jean-Michel Baylet, François Hollande, Arnaud Montebourg, Ségolène Royal et Manuel Valls auront une minute pour se présenter. Un timing qu’ils ne devront pas dépasser, et un exercice difficile que France 2 a réussi à imposer, même si les candidats auraient voulu "plus long", confie à Europe1.fr Fabien Namias, chef du service politique de France 2. "C’est logique qu’ils se présentent, car certains sont moins connus que d’autres", explique-t-il.
"Que feriez-vous si vous étiez président (e) ?" En deuxième partie d’émission, les six candidats seront interrogés à tour de rôle par David Pujadas, Fabien Namias, et Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde. L’idée est de les interroger sur ce que chacun ferait s’il devenait président de la République, "en évitant de faire de la politique politicienne et des petites phrases", affirme Fabien Namias. Les questions porteront principalement sur la crise économique. Petite particularité : chacun aura la possibilité de choisir un thème, pendant deux minutes maximum.
Un débat "redouté". L’idée d’un débat entre les candidats est venue de France 2, qui a contacté individuellement chacun d’eux. "On l’a fait de notre propre chef, il n’y a pas d’appel d’offre du parti socialiste", explique Fabien Namias, responsable du service politique de France 2. "Ils ne nous ont pas tous répondu, mais Ségolène Royal avait répondu favorablement".
Après réflexion, le Parti socialiste est revenu vers la chaîne. "Les autres candidats se sont concertés, ils ont réfléchi, et Harlem Désir (le secrétaire national du PS par intérim, ndlr) est revenu vers nous pour nous demander ce qu’on proposait", raconte Fabien Namias, qui confie qu’"au départ, il ne voulait pas que les candidats se retrouvent sur un même plateau". Ensuite, la chaîne a proposé plusieurs formules, puis s’en sont suivies des réunions préparatoires avec les représentants de chacun des candidats.
Et le plus difficile a été de convaincre les candidats de participer au débat qui doit occuper les 50 dernières minutes de l’émission, et pendant lequel ils pourront interagir. "On a beaucoup insisté, on a fait valoir l’argument que le premier commentaire qui serait fait s’ils ne débattaient pas sur un même plateau, c’est ‘ils ne sont même pas capables de s’entendre là-dessus‘", se souvient Fabien Namias.
L’équité, au maximum. Dans le but de préserver l’équité entre les candidats, trois tirages au sort ont été effectués. L'un sur la prise de parole d’une minute en début d’émission, le deuxième sur le positionnement de chacun sur le plateau, et le troisième sur l’ordre de passage lors des interviews de dix minutes, en milieu d’émission. Des tirages qui ont été supervisés par un huissier, sous l'oeil de l'avocat Jean-Pierre Mignard, porte-parole de la "haute autorité des primaires citoyennes". Le résultat de ces tirages ne sera pas dévoilé avant l’émission.
Le plateau de Des paroles et des actes. Ce débat est présenté par la chaîne comme une "émission spéciale" de Des paroles et des actes. Tout se passera donc sur le plateau de l’émission consacrée à la présidentielle, qui a déjà accueilli Marine Le Pen en juin dernier. "Le plateau est conçu pour un invité, et pas six, voire huit pendant les questions, donc ça ressemblera d’assez loin au plateau", confie Fabien Namias. Le fond bleu a été conservé, mais six pupitres ont été prévus pour les candidats.
"Pas de la propagande pour leur programme". L’une des priorités de France 2 pour ce débat a été de se démarquer complètement des débats organisés en 2006 entre les candidats. "C’est une émission de télévision faite par des journalistes pour les Français, ça n’est pas le canal interne du PS", affirme Fabien Namias. En 2006, "il n’y avait pour ainsi dire pas de relance de la part des journalistes, ça n’est pas à cause d’eux, c'était le format qui voulait ça. Et les candidats ne s’interpellaient pas entre eux", poursuit-il. "On avait des exigences et eux aussi, mais ça ne devait surtout pas être de la propagande pour le programme".
Après le débat de jeudi, deux autres confrontations suivront : le 28 septembre, en collaboration avec i>Télé, Europe 1, Le Parisien et les chaînes parlementaires, puis le 5 octobre sur BFM TV en partenariat avec RMC, Le Point et de nouveau les chaînes parlementaires. Reste à savoir si les téléspectateurs seront au rendez-vous jeudi lors de cette première télévisée. L’audience "sera un bon indicateur de l’intérêt que les Français portent à la primaire", a ainsi assuré David Pujadas au JDD samedi. Nul doute donc que les dirigeants du Parti socialiste auront les yeux rivés sur les chiffres de Médiamétrie vendredi matin.