Ses "emprunts" à d’autres auteurs, Joseph Macé-Scaron les assume. L’auteur de Ticket d’entrée revendique même cet "intertextualité", concept né dans les années 1970 selon lequel un auteur peut recopier des passages d’un livre de ses devanciers sans les citer, afin de leur rendre une sorte d’hommage. Cet argument, Jospeh Macé-Scaron aura du mal à le resservir concernant ses activités de journaliste. Car L’Express accuse mardi le directeur adjoint de Marianne d’avoir allègrement pioché dans des articles de collègues plumitifs pour rédiger ses propres articles.
L’hebdomadaire étaye son propos d’exemples sans équivoque. Ainsi ce paragraphe d’un article sur l’auteur antique Catulle, paru dans Marianne en juillet 2006, repris quasiment mot pour mot d’un autre article, paru deux ans plus tôt dans le magazine Lire, sous la plume de Laurence Liban.
"Macé-Scaron n'a pas eu à chercher bien loin"
Ainsi aussi cet autre paragraphe, au sein d’un article intitulé "Le tiers-état culturel", publié dans Marianne en septembre 2006. Joseph Macé-Scaron s’adonne au copier-coller d’un bout d’article signé Delphine Peras et publié trois semaine plus tôt dans Lire, là encore. D’autant plus gênant que JMS est l’actuel directeur du mensuel Le Magazine littéraire, concurrent direct de Lire. Selon L’Express, la journaliste ainsi plagiée avait écrit à Jean-François Kahn, alors patron de Marianne pour se plaindre des agissements de son collègue. Il n’y avait pas eu de suites à l’affaire.
L’Express cite aussi une chronique consacrée à la rétrospective de l’oeuvre de l’écrivain italien Antonio Tabucchi, dans laquelle Joseph Macé-Scaron emprunte un paragraphe d’un article publié dans le quotidien suisse Le Matin, en 1987. "Macé-Scaron n'a pas eu à le chercher bien loin, puisque l'éditeur desdits romans avait choisi cet article du Matin comme accroche publicitaire en quatrième de couverture du volume!", accuse l’hebdomadaire.
"Des blocs entiers" de mon article
Enfin, L’Express cite une anecdote, datant de la fin des années 1980 et donne la parole à Olivier Biffaud, alors journaliste politique au Monde. "Un jour, je tombe sur l'un de ses articles dans lequel je reconnais des blocs entiers de l'un des miens", raconte-t-il. "Sidéré, je lui ai envoyé une lettre pour me plaindre, lui suggérant même ironiquement de me communiquer le sujet de ses prochaines enquêtes, pour que je puisse lui mâcher le travail."
Cette accumulation commence à faire désordre pour Joseph Macé-Scaron. L’écrivain et journaliste devra sans doute s’expliquer. Et le concept d’intertextualité ne lui sera cette fois d’aucun secours.