Libération est absent des kiosques vendredi matin. Les salariés du quotidien ont voté à 65% une grève de 24 heures jeudi après-midi. Le nouvel épisode d'une crise qui dure depuis plusieurs mois : Libération est dans une situation financière délicate, sur fond de chute des ventes.
• Que réclament les salariés de Libération ?
Depuis novembre, les salariés de Libé demandent le départ du PDG du titre, Nicolas Demorand, et du directeur général, Philippe Nicolas. Or, "ils sont toujours en place", constatent les représentants du personnel dans un communiqué publié jeudi pour justifier leur grève. Ceux-ci rejettent par ailleurs le plan d'économies concocté par l'homme d'affaires François Moulias. Nommé en janvier au directoire par les actionnaires du journal, il a pour mission d'épauler Nicolas Demorand et Philippe Colas. Et demande notamment aux salariés d'accepter une baisse des salaires.
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S'ils se disent "prêts à consentir des efforts", les représentants du personnel estiment que ce plan ne leur "paraît pas de nature à garantir l’avenir de Libération". Ils contestent une autre mesure, qui concerne l'horaire de bouclage. Selon Le Nouvel Observateur, la direction a négocié une ristourne d'1,5 million d'euros avec l'imprimeur, à condition que le journal soit transmis à l'imprimerie à 20 heures, au lieu de 21h30 actuellement. Une solution qui "présente selon nous un vrai risque pour la qualité de Libération", critiquent les représentants du personnel.
Grève à Libération, AG improvisée dans la vis: pic.twitter.com/DTvKmXTaWJ— Luc Peillon (@l_peillon) February 6, 2014
• Pourquoi Libé est-il dans une si mauvaise passe ?
Dans un contexte globalement morose pour la presse papier, Libération est le quotidien national dont la diffusion France payée a le plus baissé en 2013, à -14,9%, selon les déclarations des éditeurs auprès de l'organisme OJD. Les ventes en kiosques sont particulièrement touchées : elles ont chuté de 28,1% l'an dernier. Par conséquent, après trois années de bénéfices, les comptes de Libé ont replongé dans le rouge : le titre devrait perdre 1 à 1,5 million d'euros en 2013 et doit toujours rembourser une dette de 6 millions.
• Comment le journal peut-il s'en sortir ?
Les membres du directoire "prennent acte de ce mouvement" de grève, ont-ils indiqué jeudi soir dans un communiqué, dans lequel ils se disent "convaincus qu’une issue sera trouvée pour sortir collectivement d’une crise dans laquelle se joue l’avenir du quotidien". Contestés par le personnel, Nicolas Demorand et Philippe Nicolas ont toujours le soutien des actionnaires de Libération, détenu par les hommes d'affaires Edouard et Bruno Ledoux, ainsi que le groupe italien Ersel.
En revanche, ceux-ci refusent de remettre la main à la poche pour renflouer les pertes du titre. Libération est donc à la recherche de capitaux. Le troisième homme du directoire, François Moulias, a promis aux salariés l'arrivée de nouveaux investisseurs d'ici au mois de mars. Le compte à rebours est enclenché.