"100 coups de fouet si vous n'êtes pas mort de rire !". L'avertissement est signé Mahomet, rédacteur en chef d'un numéro spécial de Charlie Hebdo, rebaptisé pour l'occasion Charia Hebdo. L'hebdomadaire satirique, à paraître mercredi, tenait à célébrer la victoire des islamistes d'Ennahda en Tunisie.
"Ce qui nous a fait réagir, c’est ce qui s’est passé en Tunisie et en Libye, où on a vu réapparaître la charia", explique, mardi sur Europe 1, Riss, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo . "On nous a dit que ce n’était pas si grave que ça. On s’est dit qu’on allait faire Charia Hebdo", résume Riss.
Charlie Hebdo poursuit donc sa lutte contre l'obscurantisme. Poursuivi par les associations islamiques pour avoir publié les caricatures de Mahomet en 2006, Charlie Hebdo avait alors été relaxé. Le journal entend surtout passer un message.
"Finalement, Mahomet peut être un personnage marrant et sympathique. Il ne faut pas avoir peur de l’islam comme on peut le faire souvent en ce moment", conclut Riss.
"Il ne faut pas avoir peur de l'islam" :
Un supplément Charia madame
Dès le début du journal, le ton est donné. "Il n'y a de dieu que Dieu (sinon c'est le bordel)", écrit Mahomet dans son édito ou plutôt son "apéro halal". "Ennahda leur raconte qu'ils ne changeront rien au code du statut personnel, qu'ils n'appliqueront jamais la charia... Ah, ah, sans déconner ! Quel intérêt aurait un parti religieux à prendre le pouvoir pour ne pas appliquer ses idées ?" s'interroge le prophète dans cet édito très provocateur.
Au sommaire de ce numéro, une double page de dessins pour expliquer "la charia molle" ou encore un supplément "Charia Madame". En dernière page, "les couvertures auxquelles vous avez échappé", un dessin représente Mahomet avec un nez rouge de clown et cette phrase "Oui, l'islam est compatible avec l'humour".
Vent d'indignation sur Twitter
Un humour qui est cependant loin de plaire à tout le monde. Sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, la polémique enfle déjà alors que seule la Une a été dévoilée.
"Le blasphème, mètre-étalon de la liberté d'expression dans ce pays : cette semaine #CharlieHebdo devient Charia Hebdo !", twitte @Nicolas_E_DAVID ou encore @taamul "Charlie Hebdo fidèle à sa réputation : BETE ET MECHANT".
@assoumasma twitte "Le prophète de l'islam ne s'est pas fait prier pour accepter et nous l'en remercions" #Charlie Hebdo ! liberté d'expression vs dites ?".
Les catholiques intégristes pas épargnés
Pas de quoi effrayer cependant l'hebdomadaire habitué du genre.
"Ce ne sera pas la première fois ni la dernière", rappelle Riss à propos des possibles menaces. "On est aussi parfois menacés par les catholiques intégristes. Cette semaine, il y a un reportage dans Charlie Hebdo sur la pièce de théâtre au Châtelet qui est en permanence perturbée par les catholiques intégristes. C’est cohérent avec la ligne de Charlie depuis toujours".