"Les radios musicales veulent enfin être libres de programmer la musique de leur choix", ont indiqué lundi dans une déclaration commune NRJ, Virgin Radio, RTL2, RFM, Rire & Chansons, Nostalgie, Oui FM et Chérie FM. Ces stations privées, qui affirment représenter 85% de l'audience des radios musicales françaises, remettent en cause les quotas de diffusion de chansons francophones imposés par la réglementation. Elles annoncent qu'elles vont relayer cette réclamation sur leurs antennes dès cette semaine.
Les quotas, c'est quoi ? Depuis une loi votée en 1994 et entrée en vigueur en 1996, les radios musicales sont tenues de diffuser un minimum de 40% de "chansons d'expression française", même si des dérogations peuvent être accordées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), par exemple pour les radios qui mettent en avant de jeunes talents. Chacune des stations concernées a conclu une convention avec le CSA pour s'engager à respecter cette obligation.
Concurrence de Deezer et YouTube. Mais aujourd'hui, la coupe est pleine pour les radios musicales, qui soulignent que le contexte a changé depuis l'adoption de cette règlementation. Elles font valoir qu'elles subissent désormais la concurrence des plateformes musicales en ligne, comme Deezer et YouTube, qui ne sont pas soumises aux quotas de diffusion. Une doléance qui rappelle celle des chaînes de télévision, qui se plaignent régulièrement d'être obligées de financer le cinéma français, alors que les sites de partage de vidéos ne le sont pas.
Le problème : les Français qui chantent… en anglais. Les radios musicales mettent aussi en avant la "chute de la production francophone" et l'"émergence d'une nouvelle scène "made in France" non francophone plébiscitée par le public". En effet, les titres d'artistes français chantés en anglais (comme les chansons de Daft Punk ou Phoenix) ne sont pas pris en compte dans les quotas. Ceux-ci concernent les titres comportant "un texte interprété ou récité majoritairement en français", selon le critère retenu par le CSA.
Le CSA ouvert à une révision du système. Le 7 janvier, le CSA a proposé d'assouplir le régime des quotas de chansons francophones pour les radios "qui œuvrent particulièrement en faveur de la diversité des programmes musicaux" et celles qui sont "confrontées à une production d'expression française limitée dans les genres musicaux" au cœur de leur programmation. L'autorité souhaite notamment "tenir compte de la réalité de la production artistique et phonographique française actuelle, qui est en grande partie en langues autres que le français".
Les syndicats d'artistes mécontents. Cette position du CSA a été critiquée par les syndicats d'artistes et de producteurs, qui reprochent aux radios musicales de concentrer leurs obligations de diffusion sur un petit nombre de titres surexposés. Ainsi, parmi l'ensemble des titres passés sur les radios musicales en 2012, 2% d'entre eux ont été diffusés plus de 400 fois dans l'année, représentant à eux seuls près de 70% de la diffusion, selon un état des lieux publié en décembre par le CSA. Un constat qui conduit la filière musicale à pointer un manque de diversité dans la programmation des radios.