Alors que les cassandres annoncent régulièrement la fin de son règne, TF1 ne compte pas se laisser détrôner. Certes, il est loin le temps où la première chaîne dépassait insolemment les 40% de part d'audience, à la fin des années 1980. Mais en tirant le bilan de cette rentrée 2013, la Une peut avoir le sourire. Avec 23,4% de parts de marché en octobre, elle a progressé de 0,2 point sur un an, selon Médiamétrie.
TF1 confirme ainsi son bon score de septembre (23,4%, +0,4 point sur un an) et renforce sa domination sur des concurrents à la peine. En effet, les parts de marché de France 2 a chuté de 1,5 point sur un an, à 13,2%. Quant à M6, qui complète le podium, elle a perdu 0,6 point, pour une part d'audience de 10,8%.
>> Pourquoi la grille des programmes de TF1 marche-t-elle si bien ? Europe1.fr vous livre des éléments de réponse :
• Un décollage dès le printemps. Cette progression de TF1 confirme avant tout une dynamique favorable depuis plusieurs mois, alors que l'audience de la chaîne avait traversé un creux en 2012. "Pour moi, le tournant, c'est la deuxième saison de The Voice au printemps 2013", affirme Béatrice Swiecka, directrice TV de l'agence média Carat, contactée par Europe1.fr. "A partir de ce moment-là, TF1 a stabilisé son audience, puis recommencé à monter en puissance."
• Des succès répétés en soirée. La Une est portée par les très bons scores de son prime time, le carrefour d'audience primordial à la télévision. Rares sont les soirées où la chaîne n'est pas leader sur cette tranche horaire. En semaine, les audiences sont notamment tirées par les séries : Mentalist (photo), Esprits criminels et Profilage ont profité à la rentrée de la Une. Le week-end, les divertissements prennent efficacement le relais : Masterchef et surtout Danse avec les stars sont de solides leaders. Quant à la case cinéma du dimanche soir, elle fonctionne bien, comme l'ont montré les succès des films Shrek 4 ou The Town en octobre.
• Un access prime time puissant. Deuxième tranche la plus stratégique, l'avant-soirée est également synonyme de leadership pour TF1. Depuis la fin août, la chaîne mise sur Vincent Lagaf' et Le Juste Prix pour sa case de 19 heures. Un choix payant, puisque qu'avec 23% de part d'audience, le jeu domine la concurrence. Juste avant, à 18h20, Une famille en or, le jeu de Christophe Dechavanne, donne également satisfaction à la Une en frôlant les 20% de parts de marché. Quant au journal de 20 heures, il a creusé l'écart avec celui de France 2, avec près de deux millions de téléspectateurs de plus en septembre.
• Une programmation offensive. La rentrée de TF1 apparaît d'autant plus réussie que ses scores de l'été ont été mitigés. En juillet, la chaîne avait même enregistré la deuxième plus faible audience mensuelle de son histoire. "L'été a toujours été un problème pour TF1", souligne Béatrice Swiecka. "Ils épuisent leur catalogue de programmes avec des rediffusions à la pelle, car en réalité, ils préfèrent se concentrer sur le moment décisif de la rentrée". Bonne pioche : c'est en automne que débutent les négociations des tarifs publicitaires pour l'année prochaine. Forte de ses bonnes audiences, la chaîne peut aborder ces échanges en position de force.
• Une mauvaise rentrée pour M6. TF1 ne profite-t-elle pas aussi de la mauvaise rentrée de France 2 ? "Non car le public n'est pas le même", corrige Béatrice Swiecka. "La perdante, c'est plutôt M6". De fait, celle-ci n'est pas en grande forme non plus. "On a pris quelques tôles", admet un collaborateur de la Six, qui invoque également la fin de L'amour est dans le pré, programme qui permettait à la chaîne d'être leader le lundi soir jusqu'à la fin septembre. "Cela dit, on a le meilleur bilan des grandes chaînes en access auprès des ménagères de moins de 50 ans", cible préférée des annonceurs publicitaires. La chaîne met aussi en avant le succès de ses nouveautés, comme le Pensionnat à la campagne ou la série Under the Dome.
Le chiffre d'affaires, une confirmation ? La baisse d'audience n'a pas empêché le groupe M6 d'annoncer la semaine dernière une reprise de ses recettes publicitaires au troisième trimestre. Pour TF1, qui communiquera jeudi son chiffre d'affaires, la situation financière devrait également s'améliorer. Reste à savoir si la forme actuelle de la Une n'est qu'un sursaut momentané ou une envolée durable.