C'est sa deuxième saison sur D8, mais sa dixième en comptant les années M6. Nouvelle Star est de retour jeudi à 20h50. Une fois encore, le jury et le public désigneront leur talent préféré. Pourtant, le passé montre que Nouvelle Star ne propulsera pas forcément son gagnant dans une carrière musicale à succès. Et qu'à l'inverse, plusieurs éliminés pourront tout de même espérer avoir un avenir dans la chanson...
Des vainqueurs tombés dans l'oubli. Ainsi, depuis le lancement de l'émission en 2003, plusieurs lauréats ont disparu des écrans radar. C'est le cas de Jonathan Cerrada, vainqueur de la première saison, ou de Steeve Estatof, celui de 2004. Faute de succès dans la chanson, d'autres ont dû se reconvertir. Myriam Abel, qui a remporté la troisième édition, participe désormais aux Anges de la téléréalité sur NRJ 12. Quant à Luce, gagnante en 2010, elle est actrice dans la série Vive la colo! sur TF1.
Des finalistes à succès. A l'inverse, s'ils n'ont pas été consacrés par les votes du public, plusieurs candidats ont réussi à faire carrière. Amel Bent (photo), arrivée troisième de Nouvelle Star en 2004, enchaîne les albums depuis dix ans. Autres finalistes, Camélia Jordana et Ycare se sont eux aussi installés dans le circuit. C'est aussi vrai pour d'autres télé-crochets. Olympe a perdu la finale de The Voice cette année, mais il rencontre pour l'instant plus de succès que le vainqueur Yoann Fréget, qui s'est d'ailleurs plaint récemment du manque de promotion autour de son album...
Pourquoi ce décalage ? D'abord, "il y a un contexte économique : le marché du disque n'est pas florissant", estime Gaëlle Placek, chef des infos à Télé-Loisirs, invitée jeudi du Grand Direct des médias sur Europe 1. Conséquence : il est difficile pour les vainqueurs de transformer l'essai. Mais surtout, "on constate qu'il y a un gagnant d'un télé-crochet, et puis d'autres gagnants plus volontiers choisis par la maison de disque partenaire", analyse Gaëlle Placek.
>> Regardez le débat du Grand Direct des médias sur les télé-crochets :
Des votes pour "donner une chance". En effet, le public qui vote pour son chanteur favori ne plébiscite pas forcément les mêmes candidats que les labels musicaux. "Parmi les votants de la tranche d'âge adulte, les gens se disent qu'il faut donner leur chance à des petits jeunes, qui n'ont pas été très favorisés par la vie", avance Nathalie Nadaud-Albertini, sociologue des médias et auteur de 12 ans de télé-réalité, au-delà des critiques morales (Ina Editions). D'autres éléments que le strict talent musical entrent donc en compte. "C'est plutôt un vote altruiste", explique la sociologue, citant le cas de Yoann Fréget, élu vainqueur de The Voice 2013 alors qu'il était bègue.
On gagne une visibilité, pas une carrière. Un télé-crochet, "c'est avant tout une émission de télévision", rappelle Gaëlle Placek. C'est donc le spectacle qui compte, bien plus que de savoir qui fera carrière ou pas. Mais si les votes du public ne font pas un futur chanteur, ils jouent tout de même un rôle décisif. "C'est un accélérateur de réussite", affirme Gaëlle Placek, "ça donne une visibilité exceptionnelle".
"Que les candidats gagnent ou pas, il faut voir ces émissions comme une étape dans leur carrière", estime Nathalie Nadaud-Albertini. "Après, c'est à eux de savoir capitaliser sur ce gain de visibilité. Et ça, c'est un vrai talent, aussi important que le talent artistique !"