Après avoir été porté aux nues pour son rôle au cours du printemps arabe, voilà Twitter persiflé. Le site de microblogging vient en effet d'annoncer qu'il allait s'adapter aux législations locales et pourrait désormais supprimer les messages jugés illégaux. Réaction immédiate de la twittosphère : un appel au boycott a été lancé.
Des messages bloqués localement
Dans le détail, Twitter a indiqué qu'il est en mesure de bloquer la publication de messages dans certains pays - ils resteraient cependant visibles ailleurs, alors que jusqu'à présent ils étaient bloqués dans le monde entier. "Nous n'avons pas encore utilisé cette capacité, mais si on nous demande de bloquer un message dans un pays spécifique, nous essaierons de contacter l'internaute, et nous indiquerons clairement quand le message a été bloqué", assure le site de micro-blogging.
La firme américaine se justifie par le fait que "au fur et à mesure que nous nous développons à l’international, nous irons dans des pays qui ont diverses positions sur la liberté d’expression". "Certains divergent tellement de nos idées que nous ne pourrons pas y exister. D’autres nous ressemblent mais, pour des raisons historiques ou culturelles, interdisent certains messages, comme la France ou l’Allemagne qui interdisent les messages pro-nazi", poursuit le communiqué.
Une "collaboration avec les censeurs"
L'association Reporters sans frontières s'est aussitôt dite très inquiète et dénonce une forme de "collaboration avec les censeurs". ""Votre nouvelle politique sonne-t-elle le glas de toute mention des révolutions arabes ? (...) Allez-vous bloquer les messages liés aux revendications de la minorité kurde en Turquie ? Les internautes russes verront-ils leurs critiques du pouvoir en place modérées ?", écrit le directeur de RSF Olivier Basille dans une lettre ouverte au président et cofondateur de Twitter, Jack Dorsey.
"Votre décision a-t-elle été motivée par la volonté d’entrer à tout prix sur le marché chinois ?", s'interroge Reporters sans frontières. D'autres internautes se sont demandé si cette annonce était liée à l'investissement de 300 millions de dollars du milliardaire saoudien Al-Walid ben Talal annoncé en décembre - Ryad exerçant un contrôle strict d'internet.
Twitter boycotté par les utilisateurs
Des utilisateurs de Twitter, choqués par cette décision, ont décidé de boycotter le site samedi. Le mot-clé #TwitterBlackout a donc été lancé et des centaines d'utilisateurs menacent de ne pas utiliser le site.
"Twitter se suicide socialement", assure quant à lui Mark Gibbs, le spécialiste des nouvelles technologies du magazine Forbes. "En essayant d'appaiser les exigences de la pression politique, ils ont eux-mêmes creusé un trou dont ils ne pourront pas sortir", prédit-il.