L'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé lundi un climat hostile aux journalistes entretenu par les responsables politiques, à commencer par le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, et ses soutiens. Le vainqueur de la primaire de la droite, déstabilisé depuis près de trois semaines par des révélations du Canard enchaîné sur les emplois de son épouse, s'est maintes fois présenté comme la cible d'un "tribunal médiatique". "RSF condamne avec la plus grande fermeté les attaques dont sont actuellement victimes des journalistes qui doivent pouvoir exercer leur mission dans les meilleures conditions, a fortiori en période électorale", juge Pauline Adès-Mével, responsable du bureau Union européenne, citée dans un communiqué.
La "colère" atteint aussi les militants. "Ce climat nauséabond et délétère est dangereux pour la liberté de la presse d'autant plus quand il est entretenu par de hauts responsables politiques", ajoute-t-elle. L'ONG cite en exemple un meeting de François Fillon à Poitiers, le 9 février, durant lequel une partie de l'assistance a hué les journalistes présents. Cette hostilité à l'égard des journalistes ne se limite pas à la droite, selon RSF, qui invoque également l'exemple de journalistes de l'émission Quotidien, sur TMC, brutalement évacués le 1er février d'un "salon des entrepreneurs" que visitait Marine Le Pen. "Attisée par ces discours accusateurs proférés pourtant par des responsables politiques, la colère des militants envers les journalistes est elle aussi montée d'un cran", a expliqué RSF.
Au meeting de Fillon, on en vient à comparer les journalistes aux nazis qui conduisaient les juifs vers Auschwitz. @HugoClement#Quotidienpic.twitter.com/mnAwVV6O8c
— Quotidien (@Qofficiel) 10 février 2017
Les médias pris pour cible en marge de manifestations. RSF a également déploré les violences dont plusieurs journalistes ont été victimes ce week-end en marge d'échauffourées en région parisienne et a souligné "le rôle essentiel des journalistes qui, en tant que témoins oculaires sur le terrain, contribuent à la diffusion d'informations justes et impartiales". Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, avait appelé dimanche François Fillon et ses soutiens à "se ressaisir" et "cesser ce 'spectacle' indigne d'une démocratie".
Après @RTLFrance c'est le véhicule technique de @Europe1 qui a été attaqué à #Bobigny. Les deux confrères sont choqués mais sont indemnes. pic.twitter.com/s3eJYQyWYb
— Matthieu Bock (@MatthieuBock) 11 février 2017