La journaliste Anne Sinclair a publié "Passé composé" mercredi chez Grasset. Elle y revient sur son amour du métier mais aussi la distance croissante vis-à-vis de ce dernier qu'elle va prendre au fur et à mesure de sa vie. "Pour moi, ça a toujours été un boulot comme un autre", assure-t-elle.
La journaliste Anne Sinclair a sorti mercredi ses mémoires, non pas celles d'une journaliste mais celles d'une "femme, mère, française, juive, journaliste et plutôt dans cet ordre", comme elle se définit elle-même dans cet ouvrage intitulé Passé Composé. Derrière les anecdotes sur les interviews de Gorbatchev ou de Mitterrand se cache ce métier donc, journaliste, qui "n'est pas une qualification identitaire", défend Anne Sinclair jeudi sur Europe 1, mais "un boulot comme un autre".
Un métier qui l'a "construite et enthousiasmée"
"C'est un choix de métier. C'est vrai qu'il m'a construite et enthousiasmée. Mais je ne peux pas me définir encore aujourd'hui comme ça, parce que je n'exerce plus vraiment de métier de journaliste. Je n'ai plus de responsabilités, je n'ai plus de case à l'antenne", rappelle Anne Sinclair au micro d'Europe 1. Elle concède toutefois que si elle se définit avant tout comme femme, puis mère et journaliste en dernier, cet ordre aurait été différent il y a quelques années.
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"Je ne suis pas une fille de la télé"
Anne Sinclair a débuté sa carrière à la radio à Europe 1, avant d'intégrer la télévision sur France 3 puis TF1 pour laquelle elle commencera l'émission 7 sur 7 en 1984. "Beaucoup de gens qui font ce métier - et c'est surtout vrai pour la télévision, car la radio, c'est vraiment différent - à la télévision y entrent, y restent, y meurent, mais ne peuvent pas décrocher. Pour moi, ça a toujours été un boulot comme un autre", souligne la journaliste. "Et finalement, ce travail que j'ai fait à la télévision, j'aurais pu le faire n'importe où ailleurs parce que c'était l'essence du travail qui me plaisait. Je ne suis pas une fille de la télé."
La radio reste donc son premier amour : "Je suis allée à la télévision et je ne vais pas la dénigrer. Elle m'a donné des joies, des plaisirs professionnels et m'a comblée. Mais la radio, la radio c'est la vie ! On est en prise avec l'auditeur et avec l'événement. La télé, c'est du théâtre quand même, ça reste du théâtre."
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Anne Sinclair estime finalement que, malgré les défauts du milieu et un licenciement de TF1 qui s'est fait "de manière extraordinairement brutale et violente", "les années de sa vie consacrée au journalisme ont été très belles" avec une "envie" intacte : "L'envie d'être journaliste (dans cette radio qui n'est plus la même, évidemment, ni géographiquement, ni sur le fond), l'envie dès le départ, de raconter, d'expliquer, de comprendre. Mais ce n'est pas un sacerdoce : je me suis toujours sentie un peu à la marge."