Après 2 ans de travail, Mélissa Theuriau nous dévoile son doc sur la protection de l'enfance

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Romain David , modifié à

Invitée mercredi de "Culture médias" sur Europe 1, la productrice Mélissa Theuriau a évoqué les coulisses du documentaire "Incas(s)ables", réalisé par Ketty Rios Palma et diffusé mercredi sur France 2. Celle-ci a suivi cinq adolescents aux troubles comportementaux graves, placés dans un centre spécifique à Ivry-sur-Seine.

Chaque année, 300.000 enfants sont confiés à l’Aide sociale à l’enfance. La plupart d'entre eux se retrouvent dans des structures classiques, comme des foyers ou des familles d’accueil. Mais d’autres – bien moins nombreux – sont accueillis dans des lieux plus spécifiques, plus rares aussi : des maisons où ils sont très encadrés. C’est le cas de quelques centaines d’adolescents, dont les troubles du comportements sont graves. Des enfants auxquels s’intéresse un documentaire diffusé mercredi soir, à 22h45, sur France 2 : Incas(s)ables, écrit et réalisé par Ketty Rios Palma et produit par Mélissa Theuriau, habituée de la thématique de l'enfance et invitée d'Europe 1.

La caméra suit cinq adolescents, âgés de 10 à 18 ans, aux parcours difficiles, et souvent en conflit avec les éducateurs de ce centre d'Ivry-sur-Seine, aux allures de pavillon familial. Avec une préoccupation : éviter tout voyeurisme. "La réalisatrice à eu l'idée de ce procédé que je trouve très intéressant qui est le conte", indique mercredi, au micro de Culture médias sur Europe 1, Mélissa Theuriau. "Les enfants se retrouvaient régulièrement pour parler d'un personnage fictif qu'ils avaient inventé. C'était une façon de ne pas les interroger face caméra pour les faire parler de leur histoire souvent difficile", explique la productrice. "En créant un personnage, ils y mettent beaucoup d'eux-mêmes. On le voit au cours du film, ce personnage devient ce qu'ils aimeraient devenir, il nous donne des éléments intimes et précieux pour les connaître."

Deux ans de travail

Fil rouge de ce récit, ce personnage imaginaire sert à montrer que ces enfants, conscients de leurs difficultés, aspirent d'abord à changer. "Arriver à ces moments d'authenticité, c'était quand même très fort", rapporte Mélissa Theuriau. "Il est émouvant d'assister à ces échanges". De plus, le documentaire ne comporte que très peu de scènes de conflit ou de violence, soucieux de s'attarder d'abord sur "les victoires personnelles" de ces jeunes en quête d'insertion.

L'équipe a passé deux ans à réaliser ce film, et six mois en observation auprès de ces jeunes avant d'allumer les caméras. Une manière de les habituer à la présence des journalistes, et ainsi d'éviter qu'ils ne soient tentés de se mettre en scène devant les objectifs. "Il y a des moments très authentiques, où l'on sent que les enfants ne sont plus du tout dans un procédé de filmage", pointe Mélissa Theuriau.

"Ne pas prendre la main du téléspectateur"

Autre particularité d'Incas(s)ables, l'absence de voix off. Le spectateur est laissé, autant que possible, à sa propre observation, et donc à son propre jugement. "Dans tout ce que je peux faire autour de la protection de l'enfance, je suis toujours rétive aux commentaires", explique encore notre invitée. "J'essaye de convaincre les diffuseurs, qui jusque-là me suivent, de la nécessité de ne pas prendre la main du téléspectateur. Je trouve que même avec un commentaire neutre, on tend à faire penser d'une manière ou d'une autre", conclut-elle.