Attentat de Nice : pas de retrait de Paris Match, mais toute nouvelle publication des photos interdite

Paris Match publie cette semaine des photos de l'attentat de Nice.
Paris Match publie cette semaine des photos de l'attentat de Nice. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice a décidé de ne pas retirer des kiosques les numéros de "Paris Match" consacrés à l'attentat de Nice, mais interdit toute nouvelle publication de deux photos de victimes.

 

"Recherche de sensationnel", "commentaires racoleurs" et images "indécentes" : étrillant Paris Match, la justice a interdit jeudi à l'hebdomadaire "toute nouvelle publication" de deux photos de l'attentat de Nice, survenu le 14 juillet 2016, sans toutefois ordonner le retrait du journal des kiosques. Une telle mesure, demandée par le parquet de Paris, ne saurait être "efficiente", "dès lors que le numéro litigieux est dores et déjà en vente", a estimé le tribunal de grande instance de Paris.

"Atteinte à la dignité humaine". Dans leur décision, rendue à la veille de la commémoration de l'attentat qui avait fait 86 morts et 450 blessés sur la Promenade des Anglais, les juges ont estimé que deux des photos, sur lesquelles les victimes sont reconnaissables, "portent atteinte à la dignité humaine". Le tribunal a interdit au magazine "toute nouvelle publication", sous astreinte de 50.000 euros par infraction constatée, de ces deux photos et également interdit leur diffusion sous format numérique, sous astreinte de 50.000 euros par heure de retard, ce qui revient de fait à ordonner leur retrait sur les supports numériques du journal. Le jugement dénonce "une recherche évidente de sensationnel", des photos "indécentes par l'illustration de victimes courant pour échapper à la mort ou sur le point de mourir".

"Le droit à être informés". Paris Match s'est "félicité" que le retrait du journal des kiosques n'ait pas été ordonné, a déclaré un porte-parole, ajoutant que le journal "défend le droit des citoyens à être informés et à connaître la vérité, et le droit des victimes que nous avons rencontrées à témoigner pour qu'on ne les oublie pas". Lors de l'audience, l'avocate de Paris Match, Marie-Christine de Percin, s'est dite "sidérée" : à ses yeux, ce sont "des raisons sûrement politiques qui se cachent derrière ce procès". Nombre d'images de cette soirée tragique ont déjà été diffusées et vont l'être encore, à la télévision et sur Internet, a-t-elle plaidé. À la suite de cet attentat, plusieurs médias avaient déjà été pointés du doigt pour avoir notamment diffusé des images de victimes.