Aux États-Unis, le mouvement antiraciste bouleverse les médias

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Antoine Terrel avec Martin Cangelosi

Des rédacteurs en chef de plusieurs médias américains ont du démissionner après la publication de tribunes inappropriées concernant les manifestations contre le racisme. 

Aux États-Unis, le vaste mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières qui a suivi la mort de George Floyd a des répercussions directes sur les médias américains. Des rédacteurs en chef des prestigieux New York Times et Philadelphia Inquirer ont du démissionner après le tollé provoqué par la publication de tribunes inappropriées dans leur journaux respectifs. 

Dans le New York Times, c'est la tribune d'un sénateur républicain de l'Arkansas qui a mis le feu aux poudres. Dans son texte, Tom Cotton qualifiait notamment les manifestants d'émeutiers, et proposait de leur envoyer l'armée, provoquant une levée de boucliers en interne. Plus de 800 journalistes ont ainsi signé une lettre à la direction du journal pour dénoncer le contenu de la tribune. "En tant que femme noir, en tant que journaliste, en tant qu'américaine, j'ai honte que nous ayons publié ceci", a de son côté réagi sur Twitter Nikole Hannah Jones, une journaliste ayant remporté récemment un prix Pulitzer pour le quotidien américain. Au final, l'affaire a débouché sur la démission du chef de la rubrique Opinions, James Bennet. 

Une tribune "Buildings matter, too"

Au Philadelphia Inquirer, c'est le directeur de la rédaction Stan Wischnowski qui a du quitter son poste, rapporte Le FigaroEn cause, une tribune dans laquelle il regrette la dégradation d'immeubles au cours des manifestations en hommage à George Floyd, et intitulée "Buildings matter, too",  faisant directement référence au slogan "Black lives matter". 

Et ça ne s’arrête pas là. Des journalistes noires du site féminin Refinery 29 viennent de dénoncer les humiliations qu’elles subissent depuis des années au travail. La rédactrice en chef du site a été priée de quitter le groupe en quelques minutes.

Dans un magazine culinaire extrêmement célèbre aux États-Unis, du nom de Bon Appétit, une photo de l’un de ses rédacteurs en chef, Adam Rappoport, grimé en latino-américain et prise en 2013 pour Halloween, vient de ressortir. Il a dû prendre ses affaires et a quitté l’entreprise. Ces démissions en série rappellent en son temps celles de "MeToo", quand la parole des femmes s’est libérée, dans les médias, et plus largement la société toute entière.