La plateforme Brut X propose Fixers, un documentaire sur les fixeurs. Un mot qui ne vous dit peut-être rien. Et c'est précisément pour cette raison que ce documentaire a été réalisé. Fixeur est métier. Les fixeurs aident les journalistes à travailler dans les pays étrangers. Ces locaux, femmes et hommes, sont très précieux. Ils permettent de faire des reportages en toute sécurité et d'avoir des accès privilégiés. Charles Villa est grand reporter pour Brut. Il se rend régulièrement à l’étranger, sur des terrains dangereux, parfois en guerre. Pendant chaque reportage, il a décidé de filmer ses fixeurs, sans qui il n'aurait pas pu faire grand-chose.
Des personnes de l'ombre qui prennent tous les risques
"Très vite, j'ai commencé à les filmer parce que tout ce que j'apprenais sur le terrain venait, la plupart du temps, de mes fixeurs, parce qu'ils connaissent les locaux et la région", explique le journaliste au micro d'Europe 1. "Je trouvais hyper étonnant qu'on ne les entende jamais. Ce sont toujours les reporters français et étrangers que l'on met en avant et qui prennent la lumière. On les met en avant pour leur courage, alors qu'en réalité c'est grâce aux fixeurs et à leurs contacts."
Or, Charles Villa rappelle que ce sont les fixeurs qui prennent le plus de risques. "Eux restent sur place et ce sont eux qui doivent assumer s'il y a un problème après la diffusion du reportage. Il fallait faire un film sur eux, pour qu'ils soient mieux protégés, qu'ils aient des assurances et qu'ils soient mieux considérés par la profession, en France et à l'étranger", estime-t-il.
Un métier et une vocation
Dans Fixers, on découvre ainsi Hussain, fixeur en Afghanistan, Sabiti au Congo, Alex et Sasha en Ukraine, Aref en Syrie et Miguel au Mexique, qui a aidé à réaliser 200 reportages sur le trafic de drogue et a failli mourir cinq fois. Ces profils très différents montrent qu'être fixeur, c’est plus qu’un métier, il y a derrière une volonté d’être utile à son pays.
"J'ai filmé un peu Alex au début de la guerre en Ukraine. Il était responsable d'un magasin de bricolage à Kviv et il parlait très bien français. Quand la guerre s'est déclenchée, il s'est dit qu'il allait aider les reporters français, parce qu'il y en avait beaucoup qui venaient dans le pays", précise à noter micro Charles Villa. "Au début de la guerre en Syrie c'était pareil : beaucoup de personnes de la société civile, notamment des professeurs qui parlaient anglais ou français, qui sont devenus fixeurs pour aider les journalistes étrangers à couvrir l'actualité dans leur pays, parce qu'ils voulaient dénoncer la guerre. Fixeur, c'est à la fois un métier, avec une expertise et de l'expérience, et à la fois une vocation qui naît chez des personnes qui veulent aider leur pays à sortir d'une crise."
Le documentaire raconte aussi comment Charles Villa s'est retrouvé cette fois à aider son fixeur afghan, Hussain, ainsi que sa famille l'été dernier. Pas pour faire des reportages, mais pour qu'il puisse quitter son pays. Hussain était menacé, suite au retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, pour avoir aidé les médias internationaux à réaliser des reportages. Fixers est disponible sur Brut X dès jeudi.