Quel premier bilan pour les chaînes de télévision ? Comme chaque année, la rentrée du PAF a été marquée par des nouveautés, des paris, réussis ou non, et par la reprise de la traditionnelle guerre de l'access prime time, la case qui doit faire le pleine de téléspectateurs avant le programme-clé de 21h. Dans Culture Médias, Europe 1 a demandé à deux spécialistes, les journalistes Benjamin Rabier et François Rousseaux, qui officient respectivement pour Télé Loisirs et Télérama de livrer leur analyse de cette rentrée.
Rentrée "plan-plan", lassitude… Les Français regardent moins la télé
Les deux journalistes sont d'accord sur ce constat : cette rentrée n'a pas tenu toutes ses promesses. "Je l'ai trouvée assez plan-plan", confie François Rousseaux, pour qui "on n'est pas vraiment bousculés". "C'est une rentrée où il y a eu davantage de nouvelles formules que de créations, donc il y a assez peu d'originalité", poursuit-il.
Plus globalement, "c'est une rentrée un peu délicate pour le média télé en lui-même, puisque la durée d'écoute, après les explosions du confinement, baisse", analyse encore François Rousseaux. "On voit que les gens désertent un peu le petit écran", confirme Benjamin Rabier, de Télé Loisirs. Après un an et demi de confinements successifs, "on voit que les Français éteignent un peu plus leur télé".
TF1 continue de cartonner sur les cibles publicitaires
Pour TF1, cette rentrée a été marquée par quelques revers. Un épisode inédit de Koh Lanta a par exemple été battu par une rediffusion de la série Alex Hugo sur France 3, tandis que The Voice et Danse avec les stars ont aussi été battus par des fictions de France Télévisions. Toutefois, nuance François Rousseaux, ces grandes émissions "continuent d'être très fortes sur les cibles commerciales".
"TF1 se positionne clairement sur les jeunes et la cible tant convoitée de la femme responsable des achats de moins de 50 ans. Et sur cette cible, ils sont imbattables", ajoute Benjamin Rabier. "Danse avec les stars cette saison, c'est 36% sur les ménagères. Koh-Lanta, 38%, The Voice, 33%."
L'énorme échec de "The Artist", sur France 2
"C'est l'accident industriel de la rentrée télé", assure Benjamin Rabier. Alors que France 2 fondait de grands espoirs sur le nouveau programme présenté par Nagui, un télécrochet baptisé The Artist, les très mauvaises performances du show ont conduit la chaîne à le basculer en deuxième partie de soirée, et du vendredi au samedi.
"À la conférence de presse de rentrée de France 2, pour parler des divertissements, ils n'ont parlé que de ce programme. C'était vraiment leur grosse cartouche de la rentrée", explique Benjamin Rabier, qui pointe le rôle de Nagui dans cet échec, avec notamment sa communication "désastreuse". "Avant le programme, il n'a parlé que de sa concurrence de The Voice. On ne savait même pas quel était le concept du programme avant la première." Avec The Artist, "Nagui pensait qu'il allait révolutionner le genre du télécrochet. Ça n'a pas marché", conclut Benjamin Rabier.
Des changements payants pour "C à Vous"
Tous les soirs, dès 19 heures, c'est l'heure de la guerre des talk-shows. Et pour cette rentrée, celui de France 5, C à Vous, a fait le pari de voir plus grand en prolongeant l'émission jusqu'à 20h50, mais aussi en recrutant de nouveaux chroniqueurs avec Mathieu Belliard et Mohamed Bouhafsi.
Pour Benjamin Rabier, le pari est "réussi". "Je trouve que c'est vraiment le beau succès de ce début de saison. C'était un pari de prolonger jusqu'à 20h50, parce que c'est à 20 heures qu'arrive la concurrence de Quotidien et de Touche pas à mon poste", rappelle-t-il. "Et là, ils ont dynamisé la case du 20 heures. Quand Claire Chazal, avec Passage des Arts, était à peu près à 400.000 téléspectateurs, là ils arrivent à faire des pointes à 800.000."
Guerre des chaînes d'info : la bonne dynamique de LCI
Autre compétition très suivie : celle des chaines d'information en continu. Cette année, LCI a particulièrement modifié son dispositif avec un nouveau plateau, le recrutement de Ruth Elkrief, pilier de BFMTV, ou encore de Paul Larrouturou, venu de Quotidien. "Il y a une dynamique du côté de LCI", constate François Rousseaux, qui rappelle néanmoins que la chaîne "reste loin derrière" BFM et CNews.