C'est par courrier que Charlie Hebdo a informé sa salariée, Zineb El Rhazoui. Elle est convoquée à un entretien préalable à un licenciement pour faute grave, avec mise à pied. La journaliste franco-marocaine, ulcérée, dénonce dans Le Monde la méthode "bureaucratique" de sa direction, avec une décision "sans discussion préalable". Côté Charlie, on ne commente pas "une procédure en cours et interne", tout en insistant sur le fait qu'il s'agit d'une convocation à un entretien et pas d'un licenciement effectif.
Mise à jour le 15.05 à 12h15. Zineb El Rhazoui a été convoquée pour un entretien préalable à un licenciement, mais seulement pour la "rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur, suite à de nombreux incidents", a indiqué vendredi à l'AFP une porte-parole de la direction.
"Méchant et déloyal".Zineb El Rhazoui se dit victime d'une "mesure punitive" après sa signature apparue au bas d'une tribune du Monde en faveur d'une "refondation" de Charlie Hebdo et de son fonctionnement économique. L'article appelait à la création d'une société coopérative contre le "poison des millions" et dénonçait la création d'une nouvelle formule sans concertation de toute l'équipe.
Lui aussi signataire de ce texte, Patrick Pelloux ne digère pas le traitement réservé à sa collègue. "On est tous encore en train de gérer l’après-attentat. Convoquer des membres de l’équipe qui sont encore dans des souffrances incroyables, c’est méchant et déloyal", dit-il dans Le Monde, avant d'enfoncer le clou : "Recevoir des prix pour la liberté d’expression et convoquer des journalistes menacés, c’est paradoxal".
L'assiduité en question ? Sans trop s'avancer sur les raisons qui ont déclenché cette procédure, Zineb El Rhazoui se défend : depuis janvier, impossible pour elle de mener à bien sa mission. "On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière…", déplore-t-elle.
Le quotidien de Zineb El Rhazoui a de quoi être perturbé. Auteur de nombreux reportages sur les religions en France et Afrique, cette militante anti-intégrisme a fait l'objet cet hiver, avec son mari, de menaces de mort répétées sur Twitter, avec photos et adresses de leurs domiciles et lieux de travail. "Je vis dans des chambres d’amis ou à l’hôtel et la direction envisage de me licencier... Bravo Charlie", ironise El Rhazoui quatre mois après l'attentat qui a tué 8 membres de la rédaction du journal.