"Les policiers sont des gens dont on parle beaucoup, mais que l'on entend peu". C'est ainsi que le journaliste Martin Weill explique au micro de Philippe Vandel comment il a choisi le sujet de son enquête "Que fait la police ?", diffusée ce mardi soir sur TMC. L'ancien spécialiste des États-Unis de Quotidien raconte dans Culture Médias comment il a travaillé sur le mal-être et les violences policières, en donnant la parole à tous les concernés, des recrues de l'école de police aux habitants des quartiers populaires en difficulté.
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La parole aux policiers
Martin Weill a donc travaillé en suivant le quotidien des policiers. Il enquête notamment à l'école de police de Reims, où deux jeunes futures policières lui explique être à la recherche "de l'adrénaline et de la confrontation". "Tout le rôle des instructeurs est de juguler cette envie d'adrénaline pour leur apprendre les codes qu'ils devront exercer plus tard", explique le journaliste. "La question est de savoir ce qui reste de la formation théorique, assez courte, face à la réalité du terrain.
Son enquête montre également le désarroi d'une profession applaudie en 2015 lors des attentats, et qui ne comprend pas qu'elle soit autan décriée aujourd'hui. Et notamment parmi une brigade de Roubaix. "Un policier en service m'explique qu'il conseille aux jeunes autour de lui de ne pas rejoindre les forces de l'ordre", révèle le journaliste. "Ce qui ressort du tournage à Roubaix, c'est une forme de lassitude, de 'À quoi bon faire ça ?'."
"Incompréhension et défiance" entre jeunes et policiers
Que fait la police ? donne aussi la parole aux Français, et notamment aux habitants des quartiers populaires difficiles. "On a pris contact avec un jeune, en l'occurrence rappeur", explique le journaliste pour faire comprendre comment il a travaillé sur place. "On a expliqué quel était notre projet, que l'on avait vraiment à cœur d'entendre, si je puis dire, les 'deux côtés'." Martin Weill évoque avec les jeunes de la ville de Corbeil-Essonnes deux éléments centraux : le trafic de drogue et les violences policières.
De ce tournage, Martin Weill retient "l'incompréhension et la défiance" partagée entre policiers et jeunes contrôlés plusieurs fois par jour. Mais également la misère sociale. "Il est plus difficile de s'en sortir dans certains quartiers, ce n'est pas être un militant politique que de dire cela", rappelle le journaliste. "Un jeune nous explique qu'il n'est absolument pas fier de faire du trafic de drogues, mais que pour c'est pour lui un moyen d'être indépendant et de donner des sous à sa mère. C'est sûr que cela interpelle et pose la question du tout répressif pour lutter contre le trafic de drogues dans les quartiers."
L'insécurité, un sentiment partagé mais contredit par les chiffres
L'enquête diffusée sur TMC questionne également la réalité de l'insécurité en France. Mais d'un manière assez rare dans les médias, puisqu'elle regroupe sous ce concept le sentiment de peur de la délinquance chez les Français, mais aussi leur peur des violences policières, et la peur chez les policiers de violences de la population à leur encontre. "Globalement, les violences sont plutôt stables", explique le journaliste en s'appuyant sur différentes enquêtes. "Ce qui progresse, c'est le sentiment d'insécurité."
Martin Weill souligne que la possibilité croissante d'avoir des images des violences, notamment grâce aux téléphones portables et aux réseaux sociaux, donne cette impression de hausse. "Mais c'est aussi dû aux politiques, qui font de l'insécurité un enjeu, un outil électoral", ajoute-t-il. De l'huile sur un feu déjà brûlant, que Martin Weill tente de montrer sans l'attiser avec son enquête diffusée mardi soir sur TMC.