La commission d'enquête du Sénat sur la concentration des médias a appelé jeudi à moderniser des règles "obsolètes", "une nécessité absolue dans un monde menacé par la désinformation". Dans un rapport de 381 pages, publié dans un contexte d'inquiétudes sur le pluralisme de la presse face à la course au gigantisme des médias français - entre la fusion prévue TF1/M6 ou l'assaut de Vivendi (propriétaire de Canal+, Prisma Media, premier groupe de presse magazine en France et de Havas) sur Lagardère (Europe 1, JDD, Paris Match)--, les sénateurs émettent 32 propositions pour mieux réguler le paysage médiatique.
Réformer la loi sur la liberté de communication
Parmi celles-ci, le renforcement de l'indépendance et l'éthique au sein des médias au moyen d'un dispositif incluant un administrateur indépendant, l'Arcom (ex-CSA), régulateur de l'audiovisuel et du numérique, et des comités d'éthiques. Autre proposition : l'organisation d'un grand débat cette année au Parlement où le gouvernement viendrait présenter ses conclusions pour réformer la loi relative à la liberté de communication de 1986, votée à une époque où les géants d'internet n'existaient pas. Le gouvernement présenterait les orientations qu'il envisage suite à ce rapport sénatorial et celui sur le même sujet commandé par les ministères des Finances et de la Culture, qui doit être également rendu au printemps.
Dans leur rapport, les sénateurs proposent de "réviser les conditions d'octroi des aides au pluralisme et à la modernisation en prenant en compte la situation financière des groupes auxquels les titres candidats sont rattachés". Reste à savoir ce que le président ou la présidente sorti(e) des urnes fera de ce rapport.
La commission du Sénat a convoqué les grands acteurs du secteur
Entre fin novembre et début mars, cette commission composée de 21 sénateurs avait mené 48 auditions publiques, convoquant au Sénat 82 personnes. Parmi eux, tous les grands acteurs du secteur, allant de grands patrons industriels, propriétaires de médias, comme Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, aux médias indépendants et syndicats, ont été entendus.
En pleine campagne présidentielle, l'influence de ces magnats sur différents journaux, radios et chaînes de télévision, suscite des craintes pour la liberté de la presse et son pluralisme.