Reporters sans frontières (RSF) a lancé mardi un dispositif inédit de lutte contre la désinformation, visant à distinguer les médias respectant des critères d'intégrité et de déontologie élaborés dans le cadre d'une concertation internationale. En discussions depuis plusieurs mois, pour répondre à la propagation des "fake news" ou fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, cette "Journalism trust initiative" (JTI), ou "Initiative pour la fiabilité de l'information", est un système reposant sur l'autorégulation des médias, a expliqué RSF dans un communiqué.
Un label de fiabilité. Ce projet a d'ores et déjà reçu trois soutiens de poids : l'Agence France-Presse (AFP), l'Union européenne de Radio-Télévision (UER, l'alliance des médias européens de service public), et le Réseau mondial des rédacteurs en chef (Global editors network ou GEN, qui revendique 2.300 adhérents). Le principe consiste à établir des normes de référence, dont le respect permettrait aux médias adhérents d'obtenir en quelque sorte un label de fiabilité. Selon RSF, cela permettrait de distinguer positivement les médias qui travaillent de manière fiable, et les aider à valoriser leur travail.
Des normes de "référence". Concrètement, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter...) et les moteurs de recherche pourraient choisir de mettre en avant les médias certifiés par le JTI dans leurs algorithmes, par rapport aux autres sources d'actualité. Les annonceurs pourraient également décider de privilégier ces médias pour leurs campagnes publicitaires, et RSF suggère en outre que ces normes puissent servir de "référence" pour les instances de régulation (comme les conseils de la presse qui existent dans la majorité des pays européens) et pour les critères d'attribution des aides publiques à la presse.
Transparence, indépendance, déontologie... Selon RSF, ces normes, ou standards de qualité, mesureront via des indicateurs la transparence des médias, leur indépendance éditoriale, l'utilisation de méthodes journalistiques et le respect des règles déontologiques. Elles "seront établies dans le cadre d'un processus concerté sous l'égide du Comité européen de normalisation (CEN)", précise l'association. Cette concertation, qui devrait s'achever d'ici la fin de l'année prochaine, sera ouverte aux médias, associations et syndicats de journalistes, instances d'autorégulation, plateformes numériques, annonceurs et représentants d'associations de consommateurs. Une fois ces normes fixées, les médias pourront demander à se faire certifier, selon un processus à définir.