L'histoire va continuer pour Têtu... Le magazine gay, arrêté à la fin de l'été, et dont la marque a été rachetée début novembre par la société iDyls renaît de ces cendres. D'abord sur internet avec la réouverture, mardi soir, du site et peut-être dans les kiosques dans les mois à venir. Cette nouvelle version du site qui veut "marquer une rupture" avec la précédente version et "mettre en scène une nouvelle génération" arrive après un peu plus d'un mois de travail.
Une histoire aux nombreux rebondissements. Au printemps dernier, le premier magazine gay de France avait été placé en redressement judiciaire. Déficitaire depuis ses débuts en 1995, le magazine ne s'en sort plus. Malgré la recherche d'un grand groupe de presse sur lequel s'appuyer, l'été 2015 avait marqué l’aggravation des pertes et s'était conclu par la fin de l'aventure sur papier. Le numéro d'été (juillet-août) était en effet le dernier et la société éditrice avait été placée en liquidation judiciaire. A la mi-octobre, c'était au tour du site internet de s'arrêter. Dernière étape, à la mi-novembre, lorsque le tribunal de commerce décide de confier la marque à la société iDyls, déjà éditrice d'une application de rencontre pour le compte de Têtu. C'est cette société qui relance mardi le site internet.
Une nouvelle équipe. Après un mois et demi de travail sur une nouvelle version et sur "le positionnement du site, l'équipe et le site internet", Têtu.com est désormais en ligne. Seul un "rescapé" de l'ancienne version de Têtu fait partie de l'aventure. Les personnes qui travaillent sur le site et le magazine précédemment "n'ont pas manifesté leur envie de travailler sur le nouveau site" explique Julien Maquaire, co-fondateur de iDyls. "On est vraiment reconnaissant du travail qui a été fait par l'équipe ces 20 dernières années, mais il nous paraissait important de marquer une rupture" explique-t-il aussi.
S'adresser aux jeunes. Derrière ces mots on sent bien la volonté de Julien Maquaire de séduire les jeunes. L'équipe est d'ailleurs pensée pour cela. "Il nous paraissait important de mettre en scène une nouvelle génération de contributeurs". A la tête de l'équipe, quatre jeunes de moins de 30 ans, deux personnes à temps plein, et deux travaillant pour le site de manière plus ponctuelle. "C'est un rédacteur en chef à 4 têtes" s'amuse Julien Maquaire. Le rôle de ce groupe est d'identifier les sujets sur lesquels Têtu a envie de travailler" explique-t-on chez Têtu. En plus de ces quatre personnes des contributeurs et des journalistes pigistes "viendront épauler l’équipe sur des sujets bien précis" comme la santé.
L'actualité LGBT mais pas que. Si Têtu nouvelle version traitera bien évidemment de l'actualité LGBT, le site veut voir plus loin. "On voit trois piliers dans notre approche éditoriale : l'actualité LGBT sur laquelle Têtu doit rester le média de référence, les styles de vie avec des découvertes, notamment des destinations friendly, des expositions... et enfin le bien-être avec des conseils psycho, forme, ou sexo". Une idée qui rappelle quelque peu l'articulation du magazine dans sa version papier.
Relancer le magazine ? Si "la priorité est le digital avec un objectif à court terme : récupérer l'audience du site avant sa fermeture" soit 500.000 visiteurs par mois, une nouvelle version du magazine papier est bien dans les cartons. "On a l'envie, pas forcément les moyens actuellement, mais l'envie est bien là !". La société commencera à étudier de manière plus sérieuse un retour dans les kiosques au premier trimestre 2016. "Si on lance le magazine ce sera avant l'été 2016" précise Julien Maquaire qui aimerait profiter de cette période traditionnellement bonne pour la presse magazine.
Garçon Magazine aussi en lisse. Depuis l’arrêt de Têtu, un nouveau magazine LGBT s’est lancé en France. Nommé Garçon Magazine il se veut penser "par et pour la communauté LGBT". Pas de quoi bouleverser les plans de Têtu. "Plus il y aura de médias gay friendly dans les kiosques, plus l’écosystème sera stimulé" explique Julien Maquaire.