Les droits TV de la Ligue 1 sont officiellement sur le marché : la Ligue de football professionnel (LFP) attend des offres au 1er février pour le rachat des matches délaissés par son diffuseur Mediapro, via une consultation lancée mardi, procédure que Canal+ pourrait contester. L'épilogue se rapproche pour le football français et ses clubs, en grande difficulté financière face à la crise sanitaire et celle des droits TV.
Après avoir mis fin en décembre au contrat la liant au groupe sino-espagnol Mediapro, incapable d'honorer sa promesse d'une manne dépassant 800 millions d'euros par an, la Ligue s'est résolue mardi à faire publiquement appel à d'autres diffuseurs, via "deux consultations de marché", l'une pour la Ligue 1 et l'autre pour la Ligue 2.
Les opérateurs intéressés, Canal+ en tête, ont donc désormais une dizaine de jours seulement pour mettre sur pied une offre chiffrée sur les lots de rencontres mis en jeu, qui courent du 5 février 2021 jusqu'à la fin du cycle prévu, soit jusqu'à juin 2024. Les lots sont proches de ceux de l'appel d'offres initial de 2018, avec notamment un lot "premium" composé des affiches du dimanche soir, dont les dix meilleures de la saison.
Ces quatre lots pour la Ligue 1 et deux lots pour la Ligue 2 correspondent uniquement aux rencontres initialement obtenues par Mediapro, soit 80% des matches des deux Championnats.
Quelle position pour Canal ?
Contrairement au souhait de la chaîne cryptée, ils n'englobent pas le fameux "lot N.3", diffusé actuellement par Canal+ pour 330 millions d'euros annuels et composé de 20% des matches de Ligue 1, parmi lesquels l'affiche du samedi soir (21h00).
Le patron de la chaîne du groupe Vivendi, Maxime Saada, s'était en effet positionné la semaine dernière en faveur d'un véritable appel d'offres global et non d'une consultation de ce type, annonçant dans les colonnes du Figaro qu'il comptait "restituer" son lot de rencontres, que Canal+ diffuse via un accord de sous-licence signé avec son partenaire beIN Sports.
Mais la Ligue a une analyse différente et ne compte pas remettre ces matches en concurrence, ce qui laisse redouter une contestation de Canal+ en justice et de nouvelles batailles juridiques ces prochaines semaines. Interrogée mardi soir par l'AFP, la chaîne cryptée n'avait pas réagi à cette annonce.
Dans ces conditions, Canal+ sera-t-elle encline à postuler lors de cette consultation ? A ce jour, elle est la seule à avoir publiquement fait part de son intérêt pour racheter les droits TV du football français, même si d'autres opérateurs sont parfois cités par certains observateurs.
Autre question d'importance: les prix de réserve que pourra fixer la Ligue seront-ils atteints sur tous les lots ? Dans un marché des droits TV en net repli ces derniers mois, l'incertitude a de quoi faire frissonner les clubs professionnels, qui luttent pour leur survie.
Urgence financière
Un succès de cette consultation leur permettrait de repartir du bon pied, à quelques jours du très attendu "Classique" de Ligue 1 entre Marseille et le Paris SG prévu le 7 février, même si les droits futurs risquent d'être très éloignés de la manne initiale record d'1,217 milliard d'euros annuels (L1 et L2 confondus) obtenue lors de l'appel d'offres initial.
Un échec de cette procédure, au moins sur certains lots, accroitrait en revanche encore plus la pression financière du foot français. Cela contraindrait la Ligue à rouvrir des négociations de gré à gré avec de potentiels repreneurs, une option initialement envisagée mais à laquelle Canal+ n'était pas favorable.
Surtout, cela obligerait la LFP à acter dans l'urgence un processus de diffusion transitoire pour ses rencontres vacantes, et éviter ainsi l'hypothèse désastreuse de "l'écran noir", des matches non diffusés.
Pour l'heure, Téléfoot, la chaîne de Mediapro, ne doit poursuivre la diffusion des rencontres que jusqu'au 31 janvier au plus tard, même si elle s'est dite prête à aller plus loin. A part l'option Téléfoot, d'autres alternatives s'offrent à la Ligue : Canal+ a proposé une retransmission en "pay per view" (paiement à l'acte), et plusieurs chaînes gratuites se sont dites intéressées pour diffuser les matches sans contrepartie (TF1, M6, France Télévisions). Mais la LFP ira-t-elle jusqu'à offrir ses matches gratuitement ?