Et si le manque de goût des tomates était lié à l'évolution des semences ? Et si notre intolérance au gluten résultait d'une baisse de la qualité du blé ? Ce sont ces questions que soulèvent le dernier numéro du magazine Cash Investigation, diffusé mardi soir sur France 2. Il s'intéresse aux semences hybrides et au rôles des multinationales dans le contrôle des variétés de fruits, légumes et céréales. Invitée mardi au micro de Matthieu Noël sur Europe 1 pour présenter l'enquête, Elise Lucet décrit une recherche de profit des industriels qui s'est faite au détriment du goût et parfois de notre santé.
"Les tomates ont perdu 59 % de vitamines C en 60 ans"
"Les industriels ont fabriqué des tomates pour quelles se conservent le plus longtemps possible, pour qu'elles soient rondes, rouges, pour être productif. En faisant tout ça on a perdu beaucoup de choses en route", déplore Elise Lucet. Et notamment des vitamines. "On a retrouvé les tables des valeurs nutritionnelles des années 1960 et celles d'aujourd'hui et le constat est assez effrayant. Les tomates ont perdu 59 % de vitamines C en 60 ans, les légumes ont perdu 27 % de vitamines C en 60 ans. Or la valeur nutritionnelle des fruits et légumes c'est ce qui provoque le goût", précise-t-elle.
"Un lobby énorme"
Le problème, selon la journaliste, c'est que le consommateur n'a que trop peu le choix de ce qu'il achète : "98 % des tomates qui sont vendues aux agriculteurs, ceux qui produisent ce qu'on achète au supermarché, sont des tomates hybrides de première génération", détaille Elise Lucet qui rappelle qu'un amendement est passé récemment pour interdire la vente de semences paysannes. "Vous avez un lobby énorme qui dit que pour qu'une semence soit vendue il faut qu'elle soit inscrite au catalogue officiel et les semences anciennes ne le sont pas, il n'y a que les semences des multinationales".
L'enquête de Cash investigation dévoile que la plupart de ces semences de multinationales sont produites dans des pays étrangers, en Inde notamment, "dans des exploitations où vous voyez travailler des enfants", précise Elise Lucet. "Ces gens sont maltraités alors qu'au bout c'est un profit énorme" pour les industriels.