L'anniversaire d'un hebdomadaire culte. Le magazine français ELLEcélèbre ses 75 ans avec la sortie d’un numéro événement vendredi. Sept couvertures exceptionnelles sont proposées aux lectrices pour célébrer la transmission, "puisqu'ELLE est un journal qui se transmet de générations en générations", explique la directrice de la rédaction Erin Doherty. Retour sur l'histoire d'un magazine féminin, qui totalise 46 éditions dans le monde et dont les ventes sont en progression cette année 2020, qui s'est attaché à évoluer avec ses lectrices.
Célébrer la transmission
"On a choisi de mettre en couverture les stars qui sont des fidèles de ELLE", raconte la directrice de la rédaction. Isabelle Adjani, Isabelle Huppert ou encore Estelle Lefébure ont accepté le projet et posent avec leurs fils ou leurs filles pour célébrer le thème de la transmission, en photo et dans des interviews exclusives.
Autre icône, Jane Birkin, en compagnie de ses deux filles, Charlotte Gainsbourg et Lou Douillon. Lors d'une interview touchante, elles évoquent leur sœur et fille, Kate Berry, photographe décédée qui a réalisé de nombreuses couvertures de l'hebdomadaire. "C'était très émouvant de les réunir", confie Erin Doherty.
Outre la transmission par la filiation, la rédaction a souhaité aller plus loin réunissant la femme politique Christian Taubira et l'autrice Leïla Slimani. "Avec Leïla et Christiane, qui ont fait chacune leur couverture, on voulait parler de filiation intellectuelle", souligne la directrice de rédaction. "L'interview est de haute-volée. Elles parlent de la culpabilité des mères absentes, de l'importance de la frivolité..."
L'histoire des femmes
Car ELLE revendique depuis 75 ans sa ligne éditoriale "bicéphale". "Elle a toujours été très engagée", évoque Erin Doherty. "Quand Hélène Lazareff a embauché Françoise Giroud, c'était pour accompagner tous les combats qui se profilaient dans ce 20e siècle. Elles avaient en poche leur droit de vote mais ensuite Françoise Giroud exhortait les femmes à aller voter, à aller travailler pour leur indépendance. Donc oui, ELLE est un journal militant, engagé mais aussi un journal frivole, avec la mode, quoi que ce soit sérieux aussi !"
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Pour célébrer cet anniversaires les équipes se sont d'ailleurs replongées dans les archives du magazine, décennies par décennies. "Et on se rend compte que, dans la mode, se dessine l'histoire des femmes. On était là quand Dior corsetait un peu trop la taille des femmes mais c'est une silhouette qui est devenue historique, on est là quand Jean-Paul Gauthier aborde la théorie du genre", énumère Erin Doherty.
Plus de diversité, d'inclusivité, d'actualités
Pour rapprocher le magazine des lectrices et de leurs attentes, la rédaction s'est également remise en question en intégrant de nouveaux enjeux de représentativité dans les médias, notamment la diversité des corps féminins. "La diversité est une vraie question, dans tous les médias. On a fait notre examen de conscience à un moment donné. Et je pense que si vous prenez l'année qui vient de s'écouler, on est plutôt bien placée", assure Marion Ruggieri, éditorialiste et rédactrice en chef du pôle "mode société et people".
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"Les journalistes de ELLE ne mesurent pas 1m80, ne pèsent pas 45 kilogrammes, comme vous pouvez le constater", plaisante-t-elle. "Nous sommes à l'image de la lectrice. C'est vrai qu'on a été pendant longtemps contrainte, corsetée par une image modèle et petit à petit on a eu envie de femmes qui nous ressemblent, qui ressemblent aux lectrices. Cela s'est fait miroir avec ce qu'il s'est passé dans la société, sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas une difficulté c'est quelque chose qui s'est fait naturellement et de plus en plus".
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Les articles au sein du magazine évoquent également de plus en plus l'actualité politique, sociétale. Pour les journalistes, c'est un véritable choix éditorial. "Le journal reflète tout ce qu'il se passe en ce moment. C'est une période tellement riche, tellement surréaliste mais aussi tellement passionnante, où il se passe tellement de choses notamment pour les femmes. Il y a une vague de féminisme, qu'on n'avait pas vu depuis les années 1970, on se retrouve au cœur de tout ça", précise Marion Ruggieri.
"Cela fait vingt ans que je travaille chez ELLE, on ne lâche rien. On essaye sans cesse de se remettre en cause, de se dire 'comment on peut faire mieux, comment on peut penser autrement, plus large?' Le journal évolue avec cela."