L'émission Envoyé Spécial, désormais présentée par Elise Lucet, a bien failli ne jamais être diffusé. En cause : le premier numéro portant sur l'affaire Bygmalion, diffusé ce jeudi soir, dans laquelle France Télévisions était soupçonnée d'avoir cédé aux pressions de Nicolas Sarkozy. Invitée du Grand Direct des médias, elle évoque tour à tour ses relations avec Michel Field, directeur de l'info à France Télé, son travail d'investigation et répond aux accusation de Rachida Dati.
"Avec Michel Field, on s'est sérieusement engueulés". "Je n'ai pas infligé un camouflet à Michel Field [en défendant l'émission]. J'ai défendu un principe journalistique", explique Elise Lucet. "On s'est sérieusement engueulés, mais ça arrive dans une rédaction", sourit la journaliste qui confirme qu'elle n'a pas menacé de démissionner, même pour faire pression : "Je suis plutôt du style à occuper le terrain et à y aller jusqu'au bout", avoue t-elle. Pour le numéro d'Envoyé Spécial, la journaliste raconte avoir défendu avec "conviction" ses idées : "Quand on a un scoop comme ça entre les mains, quand l'organisateur des meetings de Nicolas Sarkozy en 2012 accepte de nous parler, on le garde pas au frigo pendant trois mois", lâche la journaliste pour qui "un téléspectateur averti en vaut deux".
Fidèle à son habitude, elle confie avoir tenté d'approcher Nicolas Sarkozy : "On lui a proposé des interviews dans toutes les circonstances possibles" se souvient Elise Lucet. "Mais lui, son équipe et son avocat ont toujours refusé nos demandes", ajoute t-elle.
"Sur l'investigation, M6 et Canal+ ont démissionné". "Delphine Hernotte (présidente de France Télévisions, ndlr) m'a montré qu'elle voulait défendre l'investigation sur le service public", raconte Elise Lucet qui considère que dans ce domaine, M6 et Canal+ ont démissionné. Reprenant la suite du binôme Guilaine Chenu et François Joly, Elise Lucet a été chargée de repenser l'émission phare du jeudi soir sur France : "J'arrive au bout de 26 ans d'émission. Un peu de renouveau c'est normal. Mais jamais vous ne m'entendrez critiquer le travail de mes prédécesseurs", lance t-elle. Pour le moment, un numéro par mois sera diffusé jusqu'à décembre, puis deux par mois à partir de janvier : "L'année prochaine, on pourrait essayer d'avoir deux à trois numéros par mois. Ça serait un super niveau à tenir", sourit Elise Lucet.
"Que Rachida Dati accuse sans preuves, c'est dingue". "Je n'ai pas eu d'explications avec elle", lâche Elise Lucet qui lève les yeux au ciel lorsqu'on évoque Rachida Dati. L'ex-ministre de la Justice avait en effet accusé, au micro d'Europe 1, la journaliste de France Télévisions de faire des ménages (prestations de journalistes, rémunérées, lors de conférences par exemple, ndlr) et d'employer "des méthodes scandaleuses". "Qu'une ancienne Garde des Sceaux accuse sans preuve, c'est dingue", a réagit Elise Lucet. "C'est de la diffamation", ajoute t-elle. Puis, en souriant, la journaliste conclut : "J'en ai un peu marre d'entendre parler d'elle. Elle n'est pas le centre de ma vie, elle n'en n'est même pas un satellite".