La confrontation à "l'horreur" comme la gestion des conséquences politiques : le documentaire Attentats, au cœur du pouvoir, sera diffusé lundi à 20h55 sur France 3. Réalisé par Antoine Vitkine et le journaliste Bruno Dive, il examine la gestion par l'exécutif des attaques de 2015 en donnant la parole aux protagonistes, notamment au trio Hollande-Valls-Cazeneuve. "De l'extérieur, on avait l'impression d'une fluidité, on ne s'est jamais dit que la guerre civile menaçait mais quand tu parles avec les responsables de l'État, pendant ces deux crises, tous ont eu peur d'un chaos, d'actes de vengeance, que les choses leur échappent", explique le réalisateur Antoine Vitkine.
La note de Valls après janvier. Le documentaire révèle plusieurs éléments. Ainsi, on apprend que c'est Patrick Pelloux, en passant par le standard de l'Elysée, qui annoncera au chef de l'État la réelle gravité des événements qui se sont déroulés au sein de la rédaction du journal Charlie Hebdo.
Le soir du 13 novembre, Manuel Valls sort une note qu'il avait fait rédiger dès janvier, dans l'hypothèse où un attentat "multi-sites" frapperait la France : elle prévoit la fermeture des frontières et l'instauration de l'état d'urgence. À cet instant, le président hésite, consulte le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui approuve la mesure. François Hollande l'annonce dans une allocution télévisée où affleure son émotion : "C'est une horreur", dit-il. Après le 13 novembre, le pouvoir sait également qu'on lui demandera des comptes. La réponse se doit d'être à la hauteur : ce sera le Congrès, sur une idée de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
Dans ce documentaire, on apprend également que François Hollande réserve à Marine Le Pen la primeur d'une information : la France s'apprête à frapper en Syrie. Et que Jean-Christophe Cambadélis s'est rallié à la déchéance de nationalité par pur calcul politique : c'était le prix de l'unité nationale.
Élaborer le récit national. La "mise en mots des événements est cruciale", estime Antoine Vitkine, réalisateur du documentaire. Tout comme l'est la communication à l'heure des chaînes d'info en continu. L'exécutif l'a bien compris et sature l'espace médiatique pour montrer que l'État est présent, mais aussi délivrer un message d'unité, élaborer le "récit national". "Ce qui m'apparaît, c'est que le terrorisme est d'abord un acte politique et un défi au pouvoir qui appelle une réponse. Et de la réponse apportée par le pouvoir dérive le récit national et la réaction du pays", commente le réalisateur.